Par support > Traités, épîtres, pamphlets, défenses, … > Parallèle des Italiens et des Français en ce qui regarde la musique et les opéras

 

1702

François de Raguenet, Parallèle des Italiens et des Français en ce qui regarde la musique et les opéras

Paris, Jean Moreau, 1702

Le plaisir de l'auditeur

Raguenet développe avec enthousiasme le plaisir de l'expérience d'un spectateur qui écoute la musique italienne:

Ce n’est pas assez d’une âme pour sentir la beauté de toutes les parties ; il faudrait se multiplier pour suivre et goûter, à la fois, trois ou quatre choses qui sont aussi belles l’une que l’autre ; on est emporté, enchanté, on est extasié de plaisir ; il faut se récrier pour se soulager, il n’y a personne qui puisse s’en défendre ; on attend avec impatience la fin de chaque air pour respirer ; on ne peut souvent se contenir jusqu’au bout, on interrompt le musicien par des cris et par des applaudissements infinis, la musique italienne produit, tous les jours, ces effets ; il n’y a personne de ceux qui ont voyagé en Italie qui n’en ait été mille fois témoin ; on n’a jamais éprouvé rien de semblable en aucun autre pays ; ce sont des beautés d’un degré d’excellence où l’imagination ne saurait atteindre avant qu’on les entende ; et au-delà duquel on ne saurait imaginer rien, après qu’on les a entendues.

Extrait signalé par L. Naudeix 
Paris, Jean Moreau, 1702, p. 58-60


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »