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1642

Tristan L'Hermite, Lettres mêlées

Paris, Courbé, 1642.

Des spectacles à tirer des larmes

L'auteur évoque dans cette lettre galante les larmes que pourrait verser la spectatrice si elle se rendait à la représentation de Sophonisbe et à celle de Marianne :

Madame,
Je vous donne le bonjour, et vous supplie très humblement de me mander si vous tiendrez aujourd'hui la partie qui fut faite pour la comédie. Rodope et sa tante m'ont mandé que cela dépend absolument de vous, et moi je vous donne avis que vous ne sauriez mieux vous divertir cette après-dîner, que de venir voir cette belle et courageuse reine africaine, à qui la Fortune fait tant d'outrages et qui sait si bien braver ses malheurs. Vous verrez des images vives et parlantes, de Sophonisbe et de Massinisse, qui méritent bien l'honneur de vos applaudissements. Mais gardez bien que la forte expression de leur infortune, attendrisse si fort votre cœur, que vos beaux yeux en soient humides. Réservez vos larmes pour les donner aux intérêts de Marianne, afin que je puisse dire une fois que je me suis ressenti de vos cruautés, et qu'ayant reçu de vous tant de matières de pleurs, je vous ai aussi donné sujet de pleurer un jour en ma vie.

Lettre en ligne sur Google Books, p. 240-242.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »