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1666

Jean Cordier, La Famille sainte

Paris, Bechet, 1666

Acteurs, spectateurs et divertissement

A la question "Se peut-on divertir à la comédie", ce traité de religion mondain propose une réponse modérée. L'exposé de plusieurs pages discute notamment la condamnation des acteurs et lie explicitement leur activité à la présence des spectateurs :

Pour moi, je ne conçois pas assez d'équité au traitement qu'on leur fait. La loi les décrie et les hommes les caressent. S'ils sont innocents pourquoi leur donne-t-on la même peine qui se donne aux faussaires et aux parjures ? S'ils sont pernicieux, pourquoi leur rend-on plus d'assiduité pour les entendre qu'on ne fait aux prédicateurs de la vérité ? On en fait comme des boucs d'anathème et chacun les charge de fleurs. On se persuade que le mal qu'on fait à leur prêter l'oreille retombe sur eux et qu'on peut voir innocemment ce qu'ils ne peuvent représenter sans crime.

Je dirai franchement que les auditeurs sont les premiers coupables. Car si les autres sont méchants, ce n'est que pour leur plaire. Qu'il n'y ait point de spectateurs, il n'y aura point de comédiens : ils ne parlent pas pour eux-mêmes […].

[P. 466] Si la comédie est de même nature, si elle n'a rien dans son appareil qui puisse déplaire à Dieu, si elle n'a ni farce, ni danse qui tire au libertinage ou à la lascivité, on y peut donner un petit temps par manière de récréation. Mais d'en faire coutume, c'est n'entendre pas ce que veut dire le mot de divertissement.

Traité disponible sur Google Books.


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