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[s. d.]

Edme Boursault, Lettres nouvelles de Monsieur Boursault

Paris : M. Brunet, 1700.

Fonctionnement moral du rire du spectateur

Dans cette lettre « À Monseigneur de Harlay, [...], touchant une lettre ou Dissertation en faveur de la comédie », Boursault explicite le fonctionnement moral propre au rire de sa comédie Ésope à la Cour :

J’y reprends les défauts en général sans toucher à personne en particulier ; et tel qui n’a jamais été sensible à toutes les remontrances qu’on lui a faites, ravi de rire des sottises d’autrui, appréhende d’en faire, de peur de donner sujet à rire à son tour.

Ce n’est point un conte frivole :
À qui veut faire ce qu’il doit
Il n’est point de meilleure école
Que les sottises que l’on voit.
Dans les plus illustres familles
Bien souvent aux garçons, quelquefois même aux filles
Les conseils des parents semblent hors de saison ;
Et par les leçons du théâtre
Le fat le plus opiniâtre
Est d’abord mis à la raison.

C’est dans cette vue, Monseigneur, que j’ai choisi Ésope pour le traduire par tout où il y a des abus, et pour lui faire dire, sous les apparences des Fables, la vérité à tout le monde, sans que personne puisse raisonnablement s’en offenser.

Extrait signalé par M-A. Croft 
Boursault, Lettres nouvelles de Monsieur Boursault , Paris : M. Brunet, 1700, p. 71-72.


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