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1649

[Anonyme], Relation de ce qui s’est passé en la fête de la Guilde de S. Christophle à Bruxelles, solemnizée par le roi d’icelle, son altesse le duc de Lorraine

Bruxelles : J. Van Horicke, 1649

Un combat étonnant et indécis à Bruxelles

Dans la partie finale de la première relation de la fête donnée à Bruxelles, le 24 mai 1649, par Charles IV, duc de Lorraine, l’auteur anonyme décrit un combat fictif dont les spectateurs ne parviennent pas à prévoir le sort.

Ce combat se montra d’abord si furieux, qu’il ne laissa pas moins d’étonnement aux assistants que d’envie d’en voir l’issue ; il dura assez longtemps sans que l’on puisse juger à qui l’avantage en demeurait, les uns et les autres ayant donné des preuves de leur générosité, valeur et adresse si grande, que, nonobstant la rudesse et pesanteur des coups, pas un d’eux ne fut désarçonné, et se séparèrent à dessein de recommencer après avoir pris une heure d’haleine.
Les deux bataillons d’infanterie marchèrent d’un temps, l’un prit le bout de la barrière à la droite, approchant la maison de Ville, ledit Sieur Colonel de Rommecour à la tête, et l’autre bataillon à la gauche, faisant tête l’un contre l’autre, éloignés de trente à quarante pas. Ainsi postés firent trois salves pendant lesquelles plusieurs gladiateurs avec des drapeaux, épées, et autres armes composées de feux d’artifices allumés, combattirent entre ces deux bataillons longtemps, jetant par après des fusées, pétards et ballons de feux en quantité parmi la place. Entre temps Jupiter, pour favoriser le dessein de ce roi, et se faire connaître propice à ses vœux, lança le feu sur ce monde, qui aussitôt s’alluma, et en sortit une telle quantité de fusées et pétards, avec une clarté autant grande qu’épouvantable par toute la place, qu’il semblait voir un chaos et incendie universels. Plusieurs tours et châteaux aussi allumés en même temps, qui se réduisirent aussi par le feu des fusées et pétards, et après être consommés et ce monde fini, la retraite se fit en bon ordre par les mêmes rues que l’on était venu ; les quatre compagnies marchaient les premières, le bataillon lorrain suivait, et après la machine du Mont Parnasse, et celle des dieux où le roi était, retournant avec triomphe suivi et gardé du bataillon des hommes d’armes de la Guilde, qui passèrent le reste de la nuit à boire à la santé de leur roi.

Relation consultable dans une édition du XIXe siècle, Deux relations contemporaines de la fête donnée à Bruxelles par Charles IV, duc de Lorraine, Nancy, Imprimerie Berger-Levrault, 1881, p. 39-41.


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