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1700

Évariste Gherardi, Avertissement qu'il faut lire

Paris, J. B. Cusson et Pierre Witte, 1700.

Différence entre un bon et un mauvais comédien français

Dans l’avertissement de sa réédition du recueil des scènes françaises jouées par les Italiens à l'Hôtel de Bourgogne, Gherardi, après avoir expliqué les spécificités du jeu improvisé des comédiens italiens, compare les effets produits sur le public par le jeu « de mémoire » d’un bon ou d’un mauvais comédien français.

Il n'en est pas de même d'un acteur qui joue simplement de mémoire, s’il n'entre jamais sur la scène que pour y débiter au plus vite ce qu’il a appris par cœur, et dont il est tellement occupé, que sans prendre garde aux mouvements et aux gestes de son camarade, il va toujours son chemin, dans une furieuse impatience de se délivrer de son rôle comme d'un fardeau qui le fatigue beaucoup. […] [Je fais] une entière différence entre ces comédiens de nom, et ces comédiens d’effet, ces acteurs illustres qui apprennent par cœur à la vérité, mais qui, à l'exemple des excellents peintres, savent cacher l’art avec l’art, et qui charment les spectateurs par la beauté de la voix, la vérité du geste, la juste flexibilité des tons, et certain air gracieux, aisé et naturel dont ils accompagnent tous leurs mouvements, et qu’ils répandent sur tout ce qu'ils prononcent.

« Avertissement qu'il faut lire », dans Le théâtre italien de Gherardi, ou le Recueil général de toutes les comédies et scènes françaises jouées par les comédiens italiens du roi, pendant tout le temps qu'ils ont été au service, Amsterdam, Isaac Elzevir, 1707, t. I, NP.

Extrait disponible sur Google Books.


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