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1700

Évariste Gherardi, Avertissement qu’il faut lire

Paris, J. B. Cusson et Pierre Witte, 1700.

Description du jeu des comédiens italiens

Dans l’avertissement de sa réédition du recueil des scènes françaises jouées par les Italiens à l'Hôtel de Bourgogne, Gherardi explique au lecteur ce qu’a été le jeu improvisé des comédiens italiens pour les spectateurs qui ont pu les voir avant leur départ de Paris en 1697.

On ne doit pas s'attendre à trouver dans ce recueil des comédies entières, puisque les pièces italiennes ne sauraient s'imprimer. La raison est que les comédiens italiens n'apprennent rien par cœur et qu'il leur suffit, pour jouer une comédie, d'en avoir vu le sujet un moment avant que d'entrer sur le théâtre. Ainsi, la plus grande beauté de leurs pièces est inséparable de l'action, le succès de leurs comédies dépendant absolument des acteurs, qui leur donnent plus ou moins d'agréments, selon qu'ils ont plus ou moins d'esprit, et selon la situation bonne ou mauvaise où ils se trouvent en jouant. C'est cette nécessité de jouer sur le champ qui fait qu'on a tant de peine à remplacer un bon comédien italien, lorsque malheureusement il vient à manquer. Il n'y a personne qui ne puisse apprendre par cœur et réciter sur le théâtre ce qu'il aura appris ; mais il faut tout autre chose pour le comédien italien. Qui dit bon comédien italien dit un homme qui a du fond, qui joue plus d'imagination que de mémoire ; qui compose, en jouant, tout ce qu’il dit ; qui sait seconder celui avec qui il se trouve sur le théâtre ; c'est-à-dire qu'il marie si bien ses paroles et ses actions avec celles de son camarade, qu'il entre sur le champ dans tout le jeu et dans tous les mouvements que l'autre lui demande, d'une manière à faire croire à tout le monde qu'ils étaient déjà concertés.

« Avertissement qu'il faut lire », dans Le théâtre italien de Gherardi, ou le Recueil général de toutes les comédies et scènes françaises jouées par les comédiens italiens du roi, pendant tout le temps qu'ils ont été au service, Amsterdam, Isaac Elzevir, 1707, t. I, NP.

Extrait disponible sur Google Books.


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