1668

Jacques de Coras, Le Satirique berné

Paris, par L.D.I et D.D., 1668

Satires, farces, comédies

Ce texte s'inscrit dans le cadre de la polémique autour de la publication des Satires de Boileau. Dans cette lettre adressée à Boileau, Coras file la métaphore théâtrale pour rejeter dans un même mépris le comique des satires, de la farce et de la comédie italienne:

Vous voyez comme je songe à vous trouver des récompenses, lorsque vous travaillez à me dire des injures, et comme je vous rends des fleurs pour les pierres que vous m’avez jetées. J’avoue néanmoins que ce n’est pas tant vous faire faveur que vous rendre justice, puisqu’il est constamment vrai que vous êtes des plus agréables fous que la France ait jamais produits. Mais quelque plaisant homme que vous soyez, et quelque désir que j’aie de vous voir en fortune : pensez-vous que je vous suive sur le Parnasse satirique, pour y faire assaut de réputation avec vous et que je monte sur le théâtre pour y jouer le rôle de Scaramouche, sous prétexte qu’il vous plaît d’y jouer celui de Tivelin ? Croyez-vous qu’il serait fort à propos que j’y dansasse la sarabande pour le renvier sur vos matassins, ou que j’y sonnasse de la trompette pour me moquer de votre sifflet ? À Dieu ne plaise, que pour faire des rieurs, je ne m’érige en maître ridicule, comme vous et les autres baladins vos bons amis. Jouez et bouffonnez tant qu’il vous plaira, j’assisterai avec plaisir à la représentation de vos jeux et de vos bouffonneries, mais n’attendez pas que je m’expose à la honte d’ajouter un acteur à votre troupe ni que je me prive du contentement d’être le spectateur de vos comédies et de vos farces.

Texte en ligne sur Gallica p. 6-7


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »