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1700

Évariste Gherardi, Arlequin défenseur du beau sexe

Paris, J. B. Cusson et Pierre Witte, 1700.

L’arrivée à l’opéra

Dans cette comédie de Louis Biancolelli créée en 1694 et publiée pour la première fois en 1698, Arlequin explique au comte en quoi consiste la vie de garçon, et notamment ce que fait un jeune célibataire lorsqu’il arrive à l’opéra.

ARLEQUIN
[…] Sur les cinq heures, il va à l’opéra. Comme le savoir-faire est son meilleur revenu, et celui de bien d'autres, il se présente d’abord à la porte du théâtre. Il est bien juste qu’il épargne son louis. Il donne un gage pour aller dire un mot à quelqu’un. C’est le prétexte ; mais la vérité, c’est pour aller lorgner quelque lorgneuse. Il se campe devant les toiles, à peu près comme ceci… là… à peu près de l’air de ces Messieurs de l’opéra. Il est attentif aux loges et à l’amphithéâtre ; il cherche quelque main blanche qui parte de son gant pour aller au secours de quelque palissade noire, car sans Isabelle, il aimerait les brunes. Il sort, non sans reprendre le gage ; il donne trente sols pour aller au parterre. Il donne autre gage pour faire ouvrir la loge ; il convient des faits avec la belle ; il ressort et reprend le gage ; et pour ses trente sols, il retombe au parterre, où il lorgne et est lorgné tout à son aise. Là, il passe pour homme à bonne fortune, et sur cette réputation il trouve à Paris tout le crédit qu’il veut, dont bien nous prend. Enfin, Monsieur, vie de garçon.

Louis Biancolelli, Arlequin défenseur du beau sexe, dans Évariste Gherardi, Le théâtre italien de Gherardi, ou le Recueil général de toutes les comédies et scènes françaises jouées par les comédiens italiens du roi, pendant tout le temps qu'ils ont été au service, Amsterdam, Isaac Elzevir, 1707, t. V, p. 248-249.

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