Durant tout le temps que le Duc de Pastrana dansa avec Madame, il ne la prit jamais par la main, mais seulement par le bout de sa grande manche pédante. Le branle achevé il ramena Madame en sa place, où l'ayant remise, il lui dit Que c’était la dernière fois qu’il espérait d’avoir l’honneur de danser avec la Princesse d’Espagne sa maîtresse.
Cela fait, il se remit en sa place, et peu de temps après Monsieur le Prince Joinville lui fut dire de la part de la Reine Marguerite s’il voulait prendre la peine de s’en aller faire collation, et pour cet effet passer à la salle prochaine, où elle était préparée. Ce qu’il accepta.
À cette collation assistèrent le roi, la reine, Madame, et tous les autres seigneurs et dames. C’était merveille d’en voir l’appareil, les raretés et les somptuosités vraiment royales, outre le nombre infini, et presque incroyable de vaisselle d’or et d’argent qui s’y voyait laquelle on pouvait plutôt regarder que priser. Aussi est-ce le propre de cette grande Princesse parmi toutes les vertus dont elle est embellie de chérir particulièrement celle de la libéralité.