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1610

[Anonyme], Ballet de Monseigneur le duc de Vendôme, dansé lui douzième en la ville de Paris, dans la grande salle de la maison royale du Louvre

Paris : J. de Heuqueuville, 1610

Des nains dansants

Le ballet de 1610 vient clôturer les six mois de fêtes somptueuses qui avaient entouré le mariage du jeune César de Vendôme, fils naturel d’Henri IV, avec Françoise de Lorraine, duchesse de Mercoeur, le 6 juillet 1609, à Fontainebleau. L’argument est extrait de l’Orlando furioso de l’Arioste et raconte l’histoire d’Alcine la magicienne, entourée de personnages étranges tels que les nains dansants, décrits par la relation.

Et puis un sien compagnon vêtu comme lui, entrait de même et le venait joindre à la queue, dansant comme avait fait le premier, puis deux autres nains ensemble entraient semblablement, et les autres deux à deux se trouvant à la première figure bien placés au-devant du théâtre, où ils en faisaient force autres, toujours pas bas et fort raccourcis, tant que les violons changeaient d’air, et alors lesdits huit nains se haussant tous à la fois, en faisant une capriolle, dansaient cette seconde partie du ballet par haut d’une disposition merveilleuse. Ils étaient tous petits et choisis pour les plus dispos hommes de la cour et faisant (presque toujours à saults, capriolles et entrichats) les figures bien marquées de cette seconde partie du ballet susdit, tant qu’en changeant et d’air et de pas, et tous ensemble tirant de leurs côtés, et la petite masse et le petit bouclier qui y pendaient, bien peint et doré. Ils commençaient à se chamailler toujours dansant les uns les autres, tantôt un à un, deux à deux, trois à trois, quatre à quatre, puis tous ensemble alternativement, avec tant de grâce et assurance que c’était un étonnement que de les voir, ores s’avançant, ores se reculant, puis se choquant des boucliers, puis se frappant et refrappant des masses sur la tête, sur les bras et sur le corps, parant dudit bouclier et les coups de gerrets de la dite masse, sans perdre jamais la cadence, ni faillir à faire une capriolle en la marquant ; et faisaient en cette façon plusieurs belles et diverses figures. Enfin ils se retiraient deux à deux en chamaillant et capriollant toujours jusqu'à ce qu’ils fussent tous rentrés dans la forêt : ledit ballet n’avait oncques été mieux inventé qu’il fut alors dansé.

       

Ouvrage disponible sur Gallica, p. 26-27.


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