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1688

Gabriel de Magalhaes, Nouvelle relation de la Chine contenant la desciption des particularités les plus considérables de ce grand Empire

Paris, C. Barbin, 1688.

Fascination européenne pour les spectacles d'ombres chinoises

Le paratexte de ce récit de voyage nous apprend qu'il s'agit d'un texte écrit par un voyageur portugais s'étant rendu en Chine, et traduit en français par le Sieur Bernou. Dans l'extrait suivant, le spectateur européen semble fasciné par les jeux de lanternes et les divertissements spectaculaires qu'ils offrent :

[Les lanternes] ont vingt coudées, et même davantage de diamètre ; on y entrelace agréablement une infinité de lampes et de chandelles, dont la lumière donne grâce à la peinture, et la fumée donne l'âme et l'esprit aux figures disposées dans la lanterne, et qui avec un artifice admirable vont, tournent, montent et descendent. On y voit des chevaux courir, tirer des chariots, labourer la terre, des vaisseaux naviguer, des mandarins, des Princes et des Rois entrer et sortir avec un grand appareil, et quantité de gens à pied et à cheval ; marcher des armées, représenter des comédies, des danses, et mille autres divertissements et mouvements. Tout le monde passe la nuit entière à la vue de ces agréables spectacles, et au son de plusieurs instruments qui accompagnent les festins plus ou moins magnifiques, que chacun fait avec sa famille, ses parents et ses amis. On y joint souvent des comédies en forme, représentées par de petites figures qu'ils font mouvoir avec des fils cachés, ou par des ombres qu'ils font paraître sur des toiles de soie blanche, fines et claires, faites exprès. On est étonné de voir ces petites figures de bois et ces ombres artificielles représenter des rois, des reines, des capitaines, des soldats, des rodomonts, des bouffons, des lettrés et d'autres personnages de théâtre : comment elles expriment les larmes, la joie, la colère, la tristesse, et toutes les autres passions, et avec quelle industrie et quelle facilité les machinistes font mouvoir ces figures et ces ombres, et vous font même douter si elles ne parlent point, parce qu'ils accompagnent les gestes qu'elles font, en contrefaisant des voix de petits enfants avec tant d'adresse, qu'il semble que tout ce qu'on voit est naturel et véritable, tant cette nation est ingénieuse et subtile.

Récit de voyage en ligne sur Google Books, p. 129-130.


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