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1682

Antoine Gombaud Méré, Lettres de Monsieur le chevalier de Méré

Paris : C. Barbin, 1682.

Une chanson espagnole plaintive

Dans sa lettre IV à Madame la duchesse de Lesdiguières, Méré s’intéresse à l’art rhétorique des discours et analyse les réactions possibles des auditeurs.

Il me semble que dans les sujets les plus sérieux et les plus relevés où le discours ne s’adresse qu’à l’intelligence, on peut bien mêler quelque air de gaieté pour délasser l’esprit qui s’ennuie aussitôt d’une trop grande attention ; mais il s’en faut bien garder dans les choses qui vont au cœur, et qui l’ont touché de pitié, car en ces moments de tendresse on serait bien fâché de rire, ce sont des mouvements opposés que le cœur ne peut souffrir. Ainsi, cet endroit qui vous a fait rire ne devrait pourtant pas vous plaire. Car pendant que cette chanson espagnole si plaintive faisait pleurer toute la compagnie abondamment, il ne fallait pas que la Sarabande bouffonne fit si vite pirouetter et cabrioler des personnes si tristes. Peut-être que l’auteur dirait que ce n’était qu’un jeu pour divertir le Cardinal de la Valette, et j’en demeure d’accord. Cela n’empêche pas que la vraisemblance n’y dût être observée.

       Correspondance consultable en ligne sur Gallica, p. 26-27.


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