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1680

Jean Nicolas, L’Héroïne incomparable de notre siècle représentée au naturel dans la belle Hollandaise

La Haye : D. Duri, 1714

Une chanteuse hollandaise

Le roman est l’histoire d’une très belle femme nommée la « belle hollandaise » dont les aventures amoureuses constituent le cœur de l’ouvrage. Belle, la jeune fille est immédiatement décrite comme également talentueuse en musique et dans le chant.

Comme elle savait parfaitement la musique, les gens d’élite qui composaient le cercle la prièrent de chanter quelque air nouveau. Elle ne ressembla pas à plusieurs autres qui font les précieuses ridicules quand on les veut engager à chanter pour réjouir la compagnie : au contraire sans se déconcerter, toujours maîtresse d’elle-même, elle défera à la prière de l’assemblée avec plaisir ; et la douceur de sa voix jointe à ses agréments naturels, mit en feu tous ceux qui l’écoutaient, et tint leur sang dans un ravissement à ne pouvoir en revenir. Comme la chanson était fort agréable je la rapporterai ici mot à mot.

Vous vous plaignez qu’Iris est trop sévère,
Que jamais elle n’aimera.
Aimez-la tendrement, prenez soin de lui plaire,
Amour vous aidera,
Laissez le faire.

Toutes les personnes illustres qui se trouvèrent dans l’assemblée, mirent tout en usage pour gagner son amitié. Ils n’oublièrent rien pour lui faire connaître leur tendresse, ils jetaient sur elle des regards amoureux, ils laissaient échapper de temps en temps des soupirs pour l’attendrir en leur faveur ; mais elle paraissait indifférente, et ne faisait attention ni à leurs œillades ni à leurs soupirs : surpris de son indifférence, ils s’approchèrent d’elle pour la complimenter sur la douceur et la tendresse de sa voix, ils lui témoignèrent qu’ils n’en avaient jamais entendue une plus belle et plus mélodieuse à l’Opéra, ni à la Comédie ; mais elle répondit fort modestement qu’elle avait chanté un air pour complaire à la compagnie, qu’il n’y avait rien d’extraordinaire dans sa voix ; et que si elle n’avait pas eu tous les fredons qu’on donne à un air pour le bien chanter, elle croyait qu’on aurait assez d’indulgence en son endroit pour en excuser les défauts.

       

Roman consultable à l’Arsenal, p. 5-7.


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