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1694

Marc-Antoine Legrand, La Chute de Phaéton

Lyon, Th. Amaury, H. Barritel, J. Guerrier, 1694, p. 8-9

L'actualité des spectacles comme sujet de comédie.

A la deuxième scène de cette petite comédie, Lisette revient de Lyon et donne des nouvelles des divertissements à Angélique et sa cousine, qui se sont retirées à la campagne. Savoir tirer profit de l'actualité pour donner à une comédie un sujet "nouveau" est perçu comme un signe de "génie":

LISETTE.
Vraiment, Madame, il y a bien du changement dans les plaisirs depuis que vous en êtes sortie [de Lyon].

LUCINDE. Comment donc ?

LISETTE.
L'Opéra est entièrement tombé, et l'on croit qu'il aura bien de la peine à se rétablir.

LUCINDE.
Le malheur n'est pas grand, et je ne vois que les comédiens qui gagneront à ce marché-là.

ANGELIQUE.
Ah! ma chère, la belle matière pour exercer la veine de Mr Lycidas, je sais qu'il est ami des comédiens ; et, sur ma parole, il ne laissera pas échapper une si belle occasion de leur témoigner son zèle.

LISETTE.
Madame, je l'ai vu ce matin avant que de sortir de Lyon, il m'a dit qu'il me suivrait de près avec quelques-uns de ses amis, et qu'il vous avait préparé un divertissement dont vous serez charmée.

ANGELIQUE.
Ha, sans doute la chute de l'Opéra en sera le sujet. Je connais son génie, et je sais qu'il est un peu satirique.

LISETTE.
Ma foi, Madame, je crois que vous devinez juste, car selon ce qu'il m'a dit je parierais que vous avez raison : il m'a prié de vous avertir par avance que le sujet du divertissement qu'il vous avait préparé était des plus nouveaux.

ANGELIQUE.
C'est cela ma chère, il n'en faut point douter, ah, que nous allons nous divertir, je voudrais déjà qu'il fût ici.

Lyon, Th. Amaury, H. Barritel, J. Guerrier, 1694, p. 8-9


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