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[s. d.]

Gédéon Tallemant des Réaux, Historiettes

Bruxelles : J.-P. Méline, 1835.

Galanterie, jalousie et vengeance à la comédie.

Dans l'historiette consacrée au comte de Villa-Medina, Tallemant raconte avec délectation les frasques amoureuses du comte qui se donne en spectacle au sortir de la comédie.

C'était un homme bien fait, galant, libéral, vaillant et spirituel. Il écrivait même en vers et en prose, mais c'était l'un des hommes du monde les plus emportés en amour. Durant la faveur du duc de Lerme, du vivant de Philippe III, père du Roi qui règne aujourd'hui, il devint amoureux d'une dame de la cour, et il avait pour rival le duc d'Uceda, fils du favori. Un jour il prit une telle jalousie de ce que cette dame avait parlé à son rival durant la comédie chez le roi, qu'au sortir il se mit dans son carrosse et la battit jusqu'à lui en laisser des marques. Non content de cela, il lui ôta des pendants de grand prix et des perles qu'il disait lui avoir donnés. Il fit bien pis, car, en plein théâtre public, il donna ces pendants et ces perles à une comédienne nommée Gentilezza, grande courtisane, en lui disant :
– Tiens, Gentilezza, je les viens d'ôter à une telle, la plus grande p... de Madrid, pour les donner à la plus honnête femme qui y soit.
Le roi et le favori furent outrés de cette insolence, et le comte eut ordre de se retirer. Pour la dame, elle eut un tel crève-coeur de l'affront qu'on lui avait fait, que son mari, par la faveur du duc d'Uceda, ayant été fait vice-roi des Indes, elle y alla avec lui pour ne plus paraître à la cour.

Edition de 1834 en ligne sur Google Books, p. 42-43.


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