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1657

Paul Scarron, Le Roman comique, deuxième partie

Paris, Quinet, 1657

Tomber amoureux d’une comédienne

Le jeune Léandre raconte comment il est tombé amoureux d’Angélique, une des comédiennes de la troupe, en la voyant sur scène.

Je suis un gentilhomme d'une maison assez connue dans la province. J'espère un jour d'avoir pour le moins douze mille livres de rente, pourvu que mon père meure, car, encore qu'il y ait quatre−vingts ans qu'il fait enrager tous ceux qui dépendent de lui ou qui ont affaire à lui, il se porte si bien qu'il y a plus à craindre pour moi qu'il ne meure jamais qu'à espérer que je lui succède un jour en trois fort belles terres qui sont tout son bien. Il me veut faire conseiller au Parlement de Bretagne contre mon inclination, et c'est pour cela qu'il m'a fait étudier de bonne heure. J’étais écolier à La Flèche quand votre troupe y vint représenter. Je vis Mademoiselle Angelique, et j'en devins tellement amoureux que je ne pus plus faire autre chose que de l'aimer. Je fis bien davantage, j'eus l'assurance de lui dire que je l'aimais ;elle ne s'en offensa point ;je lui écrivis, elle reçut ma lettre et ne m'en fit pas plus mauvais visage.

Edition de 1727 disponible sur Google Books.


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