[s. d.]

Jean Segrais, Segraisiana

Paris, Libraires associés, 1721

Le jeu des comédiens sauve la pièce

L'anecdote suivante extraite du tome I établit une supériorité des pièces du siècle sur les pièces du passé, tout en relevant le jeu des comédiens d'alors. Elle souligne aussi l'évolution des conditions financières qui régissent le théâtre.

Autrefois, c’est-à-dire dans le siècle passé, les gens de lettres ne faisaient pas de comédies ou pièces de théâtre : il n’y eut que Jodelle qui fit la Médée, et quand Monsieur de Racan fit ses Bergeries, au commencement de celui-ci, ce fut plutôt pour se divertir que pour les faire jouer. La Beaupré, excellente comédienne de ce temps-là, qui a joué aussi dans les commencements de la grande réputation de Monsieur Corneille, disait : « Monsieur Corneille nous a fait un grand tort, nous avions ci-devant des pièces de théâtre pour trois écus que l’on nous faisait en une nuit, on y était accoutumé et nous gagnions beaucoup. Présentement les pièces de Monsieur de Cornille nous coûtent bien de l’argent et nous gagnons peu de chose. » Il est vrai que ces vieilles pièces étaient misérables, mais les comédiens étaient excellents et ils les faisaient valoir par la représentation.

Ana disponible sur Gallica.


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