ca. 1694

Charles Cotolendi, Arlequiniana

Paris, Delaulne, 1694

De l'utilité politique du théâtre

Les Arlequiniana rapportent cette parodie de vers de Racine, qui avait échauffé un spectateur, mais qui aurait fait rire l'auteur.

Dans une comédie italienne, Arlequin fait le personnage de Titus, et il récite les vers que M. Racine lui fait dire dans sa Bérénice. Arlequin tourne ces vers en plaisanterie, non pas pour les censurer, mais en les appliquant à un sujet comique. Quand les Italiens jouèrent cette comédie, M…, qui a fait quelques tragédies avec succès, se mit en très mauvaise humeur contre eux :

— Quel abus, disait-il, de souffrir que des bateleurs rendent ridicules les sentiments héroïques que les auteurs s’attachent à mettre dans les tragédies ! Si on tourne en plaisanterie ces sentiments, où est-ce que le roi trouvera des ministres pour son conseil et des généraux pour ses armées ?

— Il faut être bien poète, me dit Arlequin, pour avoir une telle imagination et pour croire que les lumières des ministres et que le courage des généraux d’armée ne se prend que dans les pièces de théâtre.

Monsieur Racine ne prit pas la chose si fort à coeur : il vint à la comédie, il y rit et s’en retourna sans le moindre ressentiment.

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