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1666

Armand de Bourbon, Prince de Conti, Traité de la comédie et des spectacles

L. Billaine, 1666

Critique non-poétique du théâtre

Après une conversion aussi radicale que fulgurante, le Prince de Conti se consacre à la rédaction d'un traité contre la comédie. De façon originale, il refuse ici de se placer sur le plan de la poétique pour privilégier un examen de l'effet dramatique.

La critique ordinaire de la comédie fonde ses jugements sur l'application qu'elle fait des règles de la poétique aux ouvrages particuliers dont elle prétend découvrir les défauts, ou les beautés. Elle considère le choix du sujet, soit qu'il soit historique, fabuleux ou mêlé. Elle en regarde le commencement, la suite et le dénouement : si les passions y sont traitées avec délicatesse, ou avec force et véhémence selon leur nature, ou selon leur degré ; si les caractères et les mœurs des nations, des âges, des conditions, des sexes, et des personnes y sont gardés ; si l'action, le temps et le lieu sont conformes aux règles que les poètes se sont prescrites pour faire que l'esprit de l'auditeur, n'étant point partagé, soit plus susceptible du plaisir ou de l'instruction qu'on prétend lui donner ; si la versification est belle et pure et si les vers aident par leur tour, par leur justesse, par leur ton, par leur gravité, par leur douceur, par leur richesse et leur magnificence, par leur agrément, par leur langueur ou par leur vitesse, à la fidélité de la peinture que les pensées qu'ils expriment doivent faire dans les esprits, ou à l'émotion du cœur qui doit être excité par les sentiments qu'ils représentent. Selon que les choses se trouvent, ou manquent dans la composition d'un poème dramatique, il est reçu avec applaudissement ou avec mépris.

La critique que j'entreprends aujourd'hui n'est pas de cette nature, elle laisse à la poétique toute sa juridictio. Mais aussi elle lui est beaucoup supérieure, elle a droit de corriger ce qui est même selon les lois les plus étroites et les plus sévères de cet art.

Edition en ligne sur Gallica p. 12 


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