Par support > Pièces de théâtre > Les Amours de Calotin

 

1664

Jean Chevalier, Les Amours de Calotin

Chevalier, Jean, , Les Amours de Calotin , Paris, T. Jolly, 1664

La question de la prévention

Cette pièce est l'une des dernières répliques de la "Querelle de l'Ecole des Femmes": le premier acte de cette petite comédie met en scène des spectateurs attendant le début de la pièce. A la scène 4, les personnages abordent la question de la "prévention" et de la réputation des auteurs qui oriente les jugements sur les pièces

LE CHEVALIER :
La pièce d'aujourd'hui, sais-tu point quelle elle est,
Et quel en est l'auteur ?/p>

LE BARON :
Chevalier.

LE CHEVALIER :
Sans scandale,
Je crois que cet auteur est un auteur de balle.

LE BARON :
Si ton opinion te le fait croire ainsi,
Dis-moi, que prétends-tu venir chercher ici ?

LE CHEVALIER :
Ayant vu dans l'affiche une pièce nouvelle,
Je viens voir ce que c'est.

LE BARON :
Elle peut être belle, Et nous bien divertir.

LE MARQUIS :
Je n'en crois rien, ma foi.

LE CHEVALIER :
Pour une comédie, hors Molière, crois-moi...

LE BARON :
Voilà [que] nos Messieurs dont l'âme prévenue
Blâment une comédie avant que l'avoir vue.
Si d'une de Molière on vous donnait l'espoir,
Vous la croiriez fort belle, avant que de la voir.

LE MARQUIS :
On le peut, ayant vu de lui des coups de maître.

LE BARON :
Mais ne blâmez donc rien sans l'avoir vu paraître.
Cet auteur n'a-t-il pas un esprit comme lui ?
Et ne vous peut-il pas faire voir aujourd'hui,
Quand sans sujet sur lui votre blâme se porte,
Que vous êtes des fous de parler de la sorte ?

LE MARQUIS :
Comme il n'a pas encore de réputation,
Ne peut-on pas errer dedans l'opinion ?/p>

LE BARON :
N'allez donc pas si vite où votre sens abonde.

Comédie en ligne sur Gallica p. 23


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »