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1695

Louis-François Ladvocat, Correspondance théâtrale entre Louis-François Ladvocat et l'Abbé Dubos

Mercure musical, vol. 1, 1 décembre 1905.

Lettre du 26 février 1695

Publiée au début du XXe siècle, cette correspondance présente un caractère exceptionnel de par les détails particuliers qu'elle donne sur différents spectacles. Voici les éléments saillants de la lettre du 5 septembre 1694.

M. Du Rosai ne m'a pas encore remis la critique de Bellérophon. Pour celle de Persée, elle me plaît extrêmement, mais j'aurais souhaité que vous eussiez parlé de celle d'Andromède de M. de Corneille et vous auriez condamné des héros qui ne font rien sans l'assistance des dieux. Cependant c'est un très bon précepte de ménager leur présence et leurs actions de telle sorte que l'on puisse retrancher tout ce qu'il y a d'extraordinaire et de miraculeux sans faire prendre un autre cours à l'action des hommes, qui ne peut être augmentée que par le secours des dieux, mais qui ne doit jamais être entièrement exécutée par les dieux.

On s'impose aisément quand on n'a rien à craindre.
Le Ciel, qui mieux que nous connaît ce que nous sommes,
Mesure les faveurs au mérite des hommes.

En un mot il ne faut pas abuser de la puissance des dieux et leur attribuer une force qui choque la vraisemblance poétique et qui peut faire reprocher au poète que, faute d'art et d'invention, il a été obligé d'implorer le secours des puissances surnaturelles. Il faut que le poète ne les emploie que lorsqu'il peut s'en passer, qu'il fasse en sorte que l'action de son héros ne les exige pas nécessairement et que cela n'empêche pas de faire rentrer dans l'ordre naturel l'action miraculeuse dont il se sert.

Monsieur Foissin m'a appris que vous arriviez ici le dix du mois prochain. Je serais pourtant bien aise que vous m'envoyassiez encore quelque critique auparavant et que vous me mandiez celles que vous voulez encore faire.

Je crois, quoi que l'on dise, que l'on ne jouera qu'après Pâques Théagène. On fait ce que l'on peut pour le faire tomber et quand l'on répétera la mort d'Armide, la faction contraire emploiera son crédit pour la faire décrier. Campistron fait l'opéra de Clytemnestre et Monsieur le grand Prieur a dit à Desmarets d'aider à Lully qui en doit faire la musique.

Je n'ai point vu les Heraclides parce qu'on ne les représente plus depuis huit jours.

Je ne crois pas que vous songeassiez encore à Adonis. J'attends avec impatience sa résurrection et la fin de vos critiques devant votre retour.

Disponible sur Blue Mountain Project, p. 581-582.


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