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1664

Jean Loret, La Muse historique

Paris, Chénault, [1656-1665].

La Princesse d'Élide enchante l'Ile enchantée

Dans sa lettre du 10 mai 1664, Loret relate la représentation de La Princesse d'Élide lors de la grande fête des Plaisirs de l'île enchantée, donnée par Louis XIV. Il souligne le succès et la réputation de Molière.

Le second jour, la comédie,
Par le sieur de Molière ourdie,
Où l’on remarqua pleinement
Grand esprit et grand agrément,
(Cet auteur ayant vent en poupe)
Occupa, tant lui que sa troupe,
Avec de célestes récits
À toucher les plus endurcis,
Animés des douceurs divines
De deux rares voix féminines,
Qui sont (comme j’ai dit un jour)
Les rossignoles [sic] de la cour,
Que personne ne contrecarre,
À savoir l’Hilaire et La Barre.
[…]
Enfin, tant de ravissements,
Tant de pompeux contentements,
Courses de bague, magnifiques,
Carrousels, spectacles comiques,
Mille feux brillants dans les airs,
Tant de festins, tant de concerts,
Et, dans les marches rayonnantes,
Tant de machines surprenantes,
Bref, tant d’apprêts délicieux,
Avaient pour titre spécieux
Les Plaisirs de l’Île enchantée,
Que l’Arioste a tant chantée,
Où quantité de paladins,
Des plus preux, et des moins gredins,
(Sans alors se soucier d’armes)
D’Alcine idolâtraient les charmes ;
Et c’était là le fondement
De ce grand divertissement,
Dont ce qu’ici je viens d’écrire
Est quasi comme n’en rien dire,
N’ayant qu’en termes mal conçus
Passé légèrement dessus,
Par un défaut de connaissance,
D’amis et de correspondance,
Dont je n’ai pas trop, Dieu merci ;
Et je finis ma lettre ainsi,
Souhaitant bon soir à l’Altesse
Dont si belle et blonde est la tresse.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


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