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1663

Gabriel Guéret, La Carte de la Cour

Paris, Loyson, 1663

La ville de Comédie

Parmi les étapes métaphoriques qui jalonnent la carrière des courtisans, Guéret mentionne la ville de Comédie et y fait régner Corneille. On notera que Guéret est un proche d'Aubignac, et que ce dernier est en train de mener ses attaques contre Sophonisbe, Sertorius et Œdipe au moment où paraît La Carte de la Cour.

Dans la ville de Comédie, l'illustre Clitandre [Corneille], ce fameux poète de notre temps, s'est efforcé à n'y faire paraître que des chefs-d'œuvres. On lui doit tous les ornements dont elle est parée et c'est lui qui par ses soins en a fait d'une ville grossière, barbare et prête à tomber en ruine, une ville polie, galante et toute neuve.

Vous y verrez des rois et des empereurs, qui pour avoir régné dans les premiers siècles, reconnaissent néanmoins ce grand homme pour leur père, et lui sont redevables du sceptre et du diadème qu'ils portent. C'est un prodige qu'un homme ne pouvant souffrir de compagnon dans l'empire de tout le monde, tant de rois ensemble partagent sans murmurer la possession de cette petite ville. Et certes, quand ils ne seraient recommandables que par cette seule chose, cela vaudrait bien la peine de les connaître. Surtout, Hydaspe, vous ne serez point considéré dans ces lieux si vous ne visitez souvent Œdipe, Sertorius et plusieurs autres gens de cette volée, mais particulièrement si vous ne vous écriez pour admirer leurs merveilles.

J'oubliais à vous dire que vous ne devez point vous arrêter dans la place publique de cette ville parce qu'on y rencontre ordinairement une foule de peuple importune, où l'air et la grâce des honnêtes gens sont étouffés. Mais nous y trouverez des lieux commodes, d'où vous contemplerez à votre aise toutes ses beautés.

Ouvrage disponible sur Gallica, p. 75-77.


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