Par support > Périodiques, gazettes, … > Lettres en vers

 

1667

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Chénault, 1667.

Festival Donneau de Visé

Robinet, ami de Donneau de Visé, rapporte dans sa lettre du 12 novembre 1667 que la troupe de Molière joue pour la cour trois pièces de sa plume : L'Embarras de Godard, Délie et la Veuve à la mode

Il faut encore que je die,
Sur le point de la comédie,
Que les deux troupes, tour à tour, [la Seule Troupe Royale et la Troupe du Roi.]
Divertirent des mieux la cour,
Exhibant là de leur boutique
Le sérieux et le comique ;
Mais que, sur toutes nouveautés,
Qui plurent à leurs majestés,
À vos deux royales altesses,
Princes, princesses, ducs, duchesses
Et, bref, à toute notre cour,
Ce fut ce qui, le dernier jour,
Fit de vos ébats la clôture,
Ainsi du moins qu’on me l’assure,
Savoir L'Embarras de Godard [Ou l’Accouchée, comédie par Jean Donneau de Visé.]
Sujet fort drôle et goguenard,
Et qui fut comme vent en poupe,
En cette rencontre, à la troupe
Qu’on nomme la Troupe du Roi,
Qui, tout à fait en bel arroi,
Joua cette petite pièce
Qui remplit le cœur de liesse,
Faisant lors, pour Sa Majesté,
Presque un miracle, en vérité,
Car, sans l’avoir étudiée,
Ou du moins, je crois, repassée,
Ni sans même avoir les habits
Qui pour tel cas étaient requis,
Sachant que le roi notre Sire
La voulait voir, car c’est tout dire,
Elle fit, par un heureux sort,
De mémoire un si noble effort
Et s’acquitta si bien du reste,
Qu’au lecteur derechef j’atteste
Qu’elle en remporta grand honneur,
Pour elle, et pour Monsieur l’auteur.
Or c’est le père de Délie,
Pastorale encore si polie
Et parue lors à la cour,
Aussi comme dans son vrai jour,
Avecque sa Veuve à la mode,
Où, presque à chaque période,
On rit à... Mais voyez comment,
Et vous ferez plus sûrement.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »