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1669

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Chénault, 1669.

Mention de La Femme juge et partie

Pour clore sa lettre du 2 mars 1669, Robinet mentionne la création de La Femme juge et partie de Montfleury. Le 9 mars, la pièce est donnée en visite chez la duchesse de Bouillon. Le 17 mars, il en fait un bref compte-rendu :

Mais, à propos de comédie,
On parle d’une fort jolie,
Qu’à l’Hôtel on joue à présent,
Dont je sujet est très plaisant :
C’est La Femme juge et partie,
D’une bonne plume sortie. [Du fils de défunt la Se de Montfleury.]
Après demain, je la verrai,
Puis je vous en entretiendrai.
Maintenant, la Muse étant lasse,
Outre que je n’ai pas de place
Pour davantage caqueter,
Je m’en vais simplement dater.


[9 mars]

Je n’oublierai pas, vraiment, non,
Que la Duchesse de Bouillon,
Ou Madame la Chambellane,
Dont le beau nom est Marianne,
En qui l’on voit tant d’agrément,
Tant de brillants, tant d’enjouement,
A fait aussi cadeau chez elle
D’une manière non pareille,
Car tout s’y fit avec splendeur
Et selon son généreux coeur,
Grand festin, bal et comédie,
Qu’accompagnait la mélodie,
Ayant composé ce cadeau
Tout à fait magnifique et beau.
Cette comédie était celle
Qu’à l’Hôtel on trouve si belle [La Femme juge et partie.]
Et dont l’auteur est Montfleury,
Où l’équivoque est fort fleuri,
Et dans laquelle le beau sexe,
Qui si souvent le nôtre vexe,
Voit avec un plaisir bien doux
La femme dauber son époux,
Car il n’en est guère, je pense,
Qui ne voulut avoir la chance
De pouvoir quelque fois ainsi
Bourrer monsieur son homme aussi.
Morbleu ! comme les bonnes bêtes
Célébraient de telles fêtes !


[17 mars]

J’ai bien d’autres choses à dire,
Mais mon papier n’y peut suffire.
J’ajouterai donc seulement
Qu’enfin je vis dernièrement
La fort plaisante comédie
De La Femme juge et partie.
L’on s’y divertit comme il faut,
Et la charmante Dennebaut
Y fait des mieux son personnage.
Poisson, s’y surpasse et fait rage,
Et, bref, tous les autres acteurs,
Qui sont là leur coadjuteurs, [Ce sont Madlle de Beau Château, et les Srs de Villiers, de Hauteroche et Brécourt.]
Jouent d’une façon merveilleuse
En cette pièce équivoqueuse,
Dont l’auteur effectivement
Est digne d’applaudissement.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »