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1657

Jean Loret, La Muse historique

Paris, Chénault, [1656-1665].

Pièce de Sallebray à l'Hôtel de Bourgogne

Dans sa lettre du 22 décembre 1657, Loret consacre de nombreux vers à vanter les qualités de l'Hôtel de Bourgogne dont la troupe a joué, apparemment, Le Jugement de Pâris et le ravissement d'Hélène de Sallebray :

Du roi, les grands comédiens
Ont trouvé des expédients
Pour, de leur superbe théâtre
Rendre tout le peuple idolâtre
Par les grandes diversités
Qu’on y voit de tous les côtés,
À savoir des mets, des rivages,
Des temples, rochers et bocages,
Des concerts, danses et ballets,
Dragons, démons, esprits follets,
Plusieurs perspectives changeantes,
Plus de vingt machines volantes,
D’admirables éloignements,
Des feux et des embrasements.
Enfin cette pompeuse scène
Où l’on ravit la belle Hélène,
Hier en son commencement
Délecta merveilleusement.
En ce lieu, neuf ou dix actrices,
Paraissant mieux qu’impératrices
Par la gravité de leurs pas,
Par leurs charmes et leurs appas,
Par leurs brillantes broderies,
Plumes, pierres et pierreries,
Et, bref, par tous leurs afiquets
Qui plaisent fort aux yeux coquets.
Tous les acteurs y sont si lestes,
Qu’on les prend pour des gens célestes,
Étant vêtus quatre fois mieux
Que n’étaient autrefois les dieux.
Mais ce que je dis d’eux et d’elles
Ne sont que franches bagatelles,
Et rien qu’un crayon imparfait
Au lieu de les voir en effet.
Et d’ailleurs il faut que je die
Que l’auteur de la comédie,
Monsieur Salbret (sic), homme excellent,
Dont j’estime fort le talent
Doit être un rare personnage,
D’avoir fait un si grand ouvrage.

Édition de 1857 disponible sur Gallica, p. 420.


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