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1658

Jean Loret, La Muse historique

Paris, Chénault, [1656-1665].

Les Italiens et leurs machines

La lettre du 23 mars 1658 consacre un grand nombre de vers à faire de la publicité pour la nouvelle pièce à machine des Italiens, Rosaure.

Ceux qui font grand cas des spectacles
Qui pourraient passer pour miracles,
Il faut qu’ils aillent tout de bon
En l’Hôtel du Petit-Bourbon,
Où, selon l’opinion mienne,
La grande troupe italienne
Du Seigneur Torel assistée,
Font voir de telles raretés,
Par le moyen de la machine,
Que de Paris jusqu’à la Chine
On ne peut rien voir, maintenant,
Si pompeux ni si surprenant.
Mais entre cent choses exquises
Qui causent d’aimables surprises
Entre quantité d’accidents,
Qui font rire malgré les dents,
Et qui raviraient une souche,
C’est la table de Scaramouche,
Contenant fruit, viande et pain,
Et pourtant, il y meurt de faim
Par des disgrâces qui surviennent
Et qui, de manger, le retiennent.
Or comme en tout événement,
Il grimace admirablement
Il fait voir en cette occurrence
La naïve et rare excellence
De son talent facétieux
Et, ma foi, divertit des mieux.
Mais pour fidèle témoignage
De ce que dans ce mien langage
Je déclare à nos chers lecteurs,
Qui n’ont pas vu les dits acteurs,
Le vingt du mois, le roi, son frère,
La reine, leur Auguste Mère,
La fille du feu roi Breton,
La fille, aussi, du grand Gaston,
Des dames de haute importance,
Et, bref, toute la cour de France,
Virent avec attention
Cette représentation,
(À qui l’on donna des éloges),
Tant dans le parterre qu’aux loges.
Ils sortirent tous satisfaits
De tant d’admirables effets
Trouvèrent Rosaure fort belle,
Ils dirent cent et cent biens d’elle,
Et c’est de quoi, tout de mon mieux,
Je donne avis aux curieux.

Édition de 1857 disponible sur Gallica, p. 458.


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