Rapport annuel 2020 https://wp.unil.ch/rapport-annuel-2020 Wed, 06 Apr 2022 15:48:05 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.9.2 Les leçons d’une pandémie https://wp.unil.ch/rapport-annuel-2020/les-lecons-dune-pandemie/ Tue, 25 May 2021 15:09:24 +0000 http://wp.unil.ch/rapport-annuel-2020/?p=2449

Jusqu’au printemps 2020, nous n’imaginions pas à quel point l’incertitude, que nous avions pourtant évoquée sous une forme conceptuelle dans notre plan d’intentions 2017-2021, allait devenir le centre de nos préoccupations. L’incertitude mène à la peur, nous pensions le savoir. Mais l’année de pandémie écoulée a marqué beaucoup d’entre nous par la révélation de l’intensité de ce lien entre peur et incertitude, et du désarroi qu’il entraîne. Notre société a été rudement éprouvée, et la communauté l’UNIL n’a pas fait exception. À l’heure où il semble permis de concevoir un été relativement calme, du moins sous nos latitudes, quel bilan tirer de l’expérience COVID-19 ?

Félix Imhof © UNIL

Le premier mot qui me vient à l’esprit est celui de « fierté ». Je reste profondément impressionnée par ce que nous, et par nous j’entends toute la communauté UNIL, avons réussi à accomplir.

Nouria Hernandez
Rectrice de l’Université de Lausanne

Le premier mot qui me vient à l’esprit est celui de « fierté ». Je reste profondément impressionnée par ce que nous, et par nous j’entends toute la communauté UNIL, avons réussi à accomplir. Passage en télétravail pour la grande majorité des milliers de collaboratrices et collaborateurs qui travaillent à l’UNIL, et donc passage en ligne de toutes les fonctionnalités de l’UNIL, et ce en quelques jours. Adaptations constantes des modalités d’enseignement selon ce qu’il nous était permis de faire : tout à distance dès le 15 mars 2020, une rentrée 2020 partiellement en présence, puis nouveau basculement vers l’enseignement à distance à la fin octobre 2020. Organisation d’examens en présence et à distance au gré des évolutions des consignes sanitaires. Et en arrière-plan, dans la mesure du possible, la continuation opiniâtre de nos projets de recherche.

Pour nos étudiant·e·s, la crise a été spécialement difficile. Pour celles et ceux entrant en première année de Bachelor à l’automne 2020, l’initiation aux exigences des cursus universitaires a été rude. Alors que les nouveaux venus peuvent d’habitude s’appuyer l’un sur l’autre pour s’adapter au rythme accéléré des cours et acquérir la discipline et l’autonomie nécessaires, cette volée a vécu la transition entre gymnase et université surtout à distance, par écran interposé. Elle n’aura eu que quelques semaines – avec juste un tiers des étudiantes et étudiants présents en même temps sur le campus – pour tisser les liens sociaux qui devraient faire partie intégrante de la vie estudiantine ! Je salue la vaillance de ces étudiant·e·s et leur souhaite de tout cœur une rentrée à l’automne 2021 sereine, dans les conditions qui devraient être celles de la vie universitaire !

Si notre université peut être fière de la façon dont elle a traversé la crise, il s’agit aussi d’en tirer les leçons. La majorité des enseignants et des étudiants s’accorde à souligner la nécessité absolue de donner les cours en présence. Mais veut-on pour autant renoncer à la flexibilité qu’offrent des cours disponibles en ligne, que l’on peut consulter et reconsulter à sa guise ? Les conditions d’enseignement sont-elles meilleures dans un auditoire accueillant quelque 600 personnes que par écran interposé, alors qu’il semble que les étudiantes et étudiants soient plus enclins à poser des questions dans le second cas ? Lesquelles des innombrables réunions administratives pourrions-nous mener à distance, et à quelle fréquence, sans perdre en efficacité ? Autant de questions que la communauté universitaire doit rapidement explorer.

Nous ne sortirons pas inchangés de cette crise, mais une chose reste sûre : il nous faut plus que jamais préparer nos étudiant·e·s à l’incertitude. Comme l’affirmait notre plan d’intentions en 2017, l’UNIL doit :

Favoriser chez ses étudiant·e·s l’acquisition d’une culture de la recherche scientifique, qui les confronte à l’incertitude à laquelle doivent faire face celles et ceux qui touchent aux limites de la connaissance et qui développe leur curiosité, leur esprit d’initiative et leur capacité à gérer la complexité.

C’est plus que jamais nécessaire dans un monde en mutation où il faudra proposer des solutions nouvelles et savoir décider en situation d’incertitude.

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La flexibilité, antidote à l’incertitude https://wp.unil.ch/rapport-annuel-2020/la-flexibilite-antidote-a-lincertitude/ Tue, 25 May 2021 15:06:57 +0000 http://wp.unil.ch/rapport-annuel-2020/?p=2445 Bien sûr, cette année nous aura appris ce qu’est l’incertitude, nous l’illustrant de manière imprévue en impactant avec une force inédite nos vies, notre travail et l’organisation souvent « impeccable » dont on est normalement si fiers, dans la soi-disant normalité. Faire fonctionner une machine institutionnelle est compliqué dans des situations usuelles : les aléas sont toujours à l’affût, la nécessité de replanifier ou de corriger la route s’impose souvent. Mais, habituellement, l’incertitude n’est pas une condition constante. Il s’agit plutôt d’une exception. Lorsqu’elle s’impose comme caractère dominant, lorsqu’elle force à revoir toutes démarches, toutes pratiques, même les plus élémentaires, lorsqu’elle bouleverse les calendriers, modifie en profondeur ce qui est possible et ce qui est difficile ou compliqué à faire ou à prévoir : c’est là que les organisations – même les meilleures – sont soumises à un vrai test de stress institutionnel.

Sans vouloir en exagérer les effets, la situation de l’année qui se clôt a imposé au Conseil de l’Université une réflexion importante sur son rôle et sur sa raison d’être. Organisme de gouvernement démocratique de l’Université, instance législative et délibérative qui représente tous les corps de la communauté universitaire, le Conseil de l’UNIL a dû faire face, pendant les derniers mois, à une charge inédite de dossiers et, par conséquent, de décisions importantes, qui ont été rendues de plus en plus difficiles par le contexte.

Fabrice Ducrest © UNIL

Comme d’ailleurs toutes les activités vitales de l’Université, telles que la pratique de l’enseignement et la plupart de la recherche, le Conseil a pu poursuivre son travail pratiquement sans cesse, multipliant ses séances et ses travaux préparatoires pour faire face à de nombreuses urgences législatives et organisationnelles.

Marc-Olivier Boldi
Président du Conseil de l’UNIL
Lorenzo Tomasin
Vice-président du Conseil de l’UNIL

Comme d’ailleurs toutes les activités vitales de l’Université, telles que la pratique de l’enseignement et la plupart de la recherche, le Conseil a pu poursuivre son travail pratiquement sans cesse, multipliant ses séances et ses travaux préparatoires pour faire face à de nombreuses urgences législatives et organisationnelles.

Cela a été possible essentiellement grâce à la disponibilité et à la flexibilité démontrées par tous ses membres : disponibilité et flexibilité qui s’avèrent comme les meilleurs antidotes contre l’incertitude dominante. Mais il y a un effet ultérieur de cette condition : avec une intensité auparavant inconnue au sein du Conseil, s’est manifestée la volonté de mieux enregistrer et de transmettre de manière plus efficace aux prochaines formations du même organe les expériences et les bonnes pratiques mises en œuvre pendant la législature actuelle. C’est ce que le bureau du Conseil fera, en particulier par rapport à la démarche suivie lors de l’élection du nouveau Recteur et à la gestion d’autres dossiers importants. En effet, parmi les incertitudes du récent passé et, malgré tout, aussi du présent, il y a quand même une certitude : l’élection d’un nouveau Recteur et la formation d’une nouvelle Direction – le parcours qui a conduit à sa ratification a été l’un des dossiers les plus importants de la législation actuelle du Conseil – ont été achevées, malgré les nombreuses difficultés pratiques qui se sont interposées.

La thésaurisation de l’expérience institutionnelle et la transmission – pour ainsi dire intergénérationnelle – des expériences vécues sont bien évidemment une manière de braver l’incertitude du présent et de préparer la route pour un futur institutionnel à la hauteur de notre Université.

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Le pilotage de l’UNIL durant la pandémie https://wp.unil.ch/rapport-annuel-2020/le-pilotage-de-lunil-durant-la-pandemie/ Tue, 25 May 2021 15:03:11 +0000 http://wp.unil.ch/rapport-annuel-2020/?p=2452 Au début mars 2020, la Coronacell était prête à se réunir sur le long terme, dans un local équipé, pour affronter la pandémie COVID qui arrivait à grands pas, avant de se confiner pour ne plus jamais se réunir en présence !

Coronacell ? C’est la cellule de conduite mise sur pied par la Direction pour l’assister dans le pilotage de la pandémie. Formée d’une dizaine de personnes, dont les vice-recteurs Giorgio Zanetti et Benoît Frund, elle réunit l’éventail de compétences nécessaires pour aborder la pandémie sous tous les angles requis. Pour Marc de Perrot et Pascal Baehler, respectivement secrétaire général de l’UNIL et chef du service UniSEP (Sécurité, Environnement, Prévention), et pour tous les autres membres de la cellule, c’est le début d’un marathon afin de répondre à trois défis : le fonctionnement à distance puis en mode hybride, la sécurité des personnes restées ou revenues sur le campus, les conséquences pour une communauté de 20’000 membres des constantes fluctuations d’une pandémie imprévisible.

En fonction des chantiers abordés par la cellule (enseignement, communication, RH…), chaque participant s’est investi avec une ténacité et un professionnalisme jamais démentis tout au long de cette crise interminable, que ce soit Adriano Barenco pour le Centre informatique, Etienne Fivat pour les RH, Emmanuel Sylvestre pour le soutien à l’enseignement, Yann Jeannin pour Unibat ou encore Philippe Gagnebin pour Unicom, avec tous les collaborateurs de leurs services…

Trois newsletters et un site web

« Pour piloter et tenir informés les milliers de membres de l’UNIL, le chantier communication a assuré la chaîne de transmission vers la communauté UNIL disséminée hors du campus, via trois newsletters hebdomadaires Enseigner, Travailler et Étudier et un site web de référence, constamment mis à jour », relate Marc de Perrot. Qui évoque en outre « l’investissement des décanats, en attente d’indications régulières et claires pour répondre aux besoins de leurs facultés, tels que l’enseignement à distance et les examens », précise-t-il, soulignant aussi une marge de négociation « qui a permis aux facultés une flexibilité minimale dans les modalités d’adaptation à la contrainte, en fonction de leurs spécificités ».

La cellule elle-même se base sur les informations, les adaptations et les décisions du Conseil fédéral, sur les indications du Conseil d’État et sur une collaboration avec la Direction générale de l’enseignement supérieur et le médecin cantonal. « Il faut noter que malgré les présences sur le campus, l’UNIL n’a jamais été un cluster de contamination », souligne le secrétaire général. La Coronacell a maintenu un suivi constant de la situation. « J’avais au moins un agent dans chaque bâtiment pour un suivi 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 », décrit Pascal Baehler, qui évoque quelques cas problématiques mais surtout une discipline bien communiquée, bien appliquée et bien suivie. Il faut dire que la cellule s’est efforcée de considérer toutes les implications des décisions communiquées, ceci pour les différents usagers. Un groupe d’adjoints a assuré en continu son secrétariat en traitant notamment les sollicitations individuelles adressées à la cellule.

Fabrice Ducrest © UNIL

Nous devions composer avec une double incertitude : l’évolution de la pandémie elle-même et ce que seraient les choix politiques pour y répondre. Avant de publier une option choisie, il nous fallait être sûrs qu’elle serait encore réalisable au moment de son entrée en vigueur.

Pascal Baehler
Chef du service UniSEP
Marc de Perrot
Secrétaire général de l’Université de Lausanne
Anticiper et s’adapter

Notre philosophie a été de « répondre le plus possible oui aux demandes qui nous parvenaient, dans des circonstances qui imposaient beaucoup de non », résume Marc de Perrot. Il n’empêche que le ressenti d’un manque d’anticipation dans la conduite a parfois été exprimé. Le secrétaire général explique : « Nous devions composer avec une double incertitude : l’évolution de la pandémie elle-même et ce que seraient les choix politiques pour y répondre. Avant de publier une option choisie, il nous fallait être sûrs qu’elle serait encore réalisable au moment de son entrée en vigueur. En outre, dans certaines situations, l’option de différer une décision a été une manière de garder ouverte la possibilité d’un assouplissement ultérieur ».

A quoi s’ajoute la taille de l’UNIL, qui induit malgré toute la flexibilité individuelle une inertie dont il faut tenir compte. Marc de Perrot rappelle que les activités d’enseignement reposent sur la prévisibilité : « Leurs conditions doivent être fixées préalablement, pour la durée d’un semestre au moins, alors que là, les cartes étaient constamment re-brassées en cours de partie ; nous avons ainsi dû renoncer à certains ajustements, rendus tardivement possibles, pour ne pas perturber les nouvelles routines auxquelles les gens s’étaient adaptés ». Tout cela n’a pas empêché l’institution de s’en tenir à un défi fou, selon Marc de Perrot, celui de ne pas réduire les objectifs d’enseignement.

Après une crise aussi longue, dont les premiers signes de sortie n’offrent encore aucune certitude, les membres de la Coronacell commencent à se projeter dans une prochaine séance qui les réunirait dans une même salle… et annoncerait peut-être la dissolution de cet outil de conduite inédit, né d’une situation extraordinaire.

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Un bel héritage pour l’UNIL https://wp.unil.ch/rapport-annuel-2020/un-bel-heritage-pour-lunil/ Tue, 25 May 2021 15:02:50 +0000 http://wp.unil.ch/rapport-annuel-2020/?p=2437 Les Jeux Olympiques de la Jeunesse Lausanne 2020 se sont déroulés du 9 au 22 janvier. Ils ont rassemblé 1’872 athlètes, provenant de 73 comités nationaux olympiques, qui ont concouru dans 81 épreuves. Les compétitions et les animations proposées ont été suivies par 640’000 spectateurs et diffusées par 73 chaînes de télévision à travers le monde.
Yodli, la mascotte des JOJ (Félix Imhof © UNIL)

« Ça a été une grande réussite populaire et j’ai été le premier surpris, car il n’y avait pas forcément un enthousiasme délirant quelques semaines avant », confie Olivier Mutter. Le chef de projet à l’ISSUL, Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne, a joué le rôle d’interface entre les JOJ et l’UNIL.

Avec ces Jeux, l’UNIL a hérité du Vortex, site hôte du village olympique, qui accueille depuis septembre 2020 des logements pour étudiants. C’est, selon la rectrice Nouria Hernandez, l’un des points centraux de l’implication de l’Université dans cette manifestation. L’engagement de l’UNIL, partenaire institutionnel de cet événement, s’est manifesté de diverses manières.

Grâce à ces Jeux, l’UNIL a pu se profiler encore davantage comme pôle d’excellence en sciences du sport avec son Centre interdisciplinaire de recherche sur le sport (CIRS), son actif Institut des sciences du sport, son Service des sports universitaires (SSU). Tous ont participé d’une façon ou d’une autre à ces Jeux olympiques. Une centaine d’étudiants bénévoles ont mouillé leur maillot dans divers programmes, un important colloque, mis sur pied par l’ISSUL, s’est adressé autant aux milieux académiques qu’aux entraîneurs, aux clubs sportifs de la région, aux membres des fédérations internationales, aux étudiants et à toute personne intéressée par la question du sport au sens large.

Félix Imhof © UNIL

Nous avons vécu quelque chose de très intense, une belle aventure humaine et collective. Des personnalités importantes comme la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga, la ministre française des sports Roxana Maracineanu et le président du CIO Thomas Bach nous ont rendu visite, c’est une belle visibilité pour l’UNIL.

Olivier Mutter
Chef de projet à l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne

Le point d’orgue de cette manifestation ? Le programme éducatif « Health for Performance », élaboré par l’UNIL, l’EPFL et le CHUV. Des experts des différentes institutions, conduits notamment par Stéphane Maeder du SSU, étaient présents dans les villages olympiques de Lausanne et Saint-Moritz pour faire bénéficier les sportifs des tests proposés et d’un coaching personnalisé. Tester sa coordination sur un tapis connecté, créer son avatar ou encore interagir avec une réalité virtuelle : ce sont quelques-unes des activités qui ont été mises sur pied pour les jeunes sportifs de Lausanne 2020.

Le grand public a pu aussi vivre ces expériences alliant sciences médicales et sportives dans un stand à Malley. « Nous avons vécu quelque chose de très intense, une belle aventure humaine et collective. Des personnalités importantes comme la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga, la ministre française des sports Roxana Maracineanu et le président du CIO Thomas Bach nous ont rendu visite, c’est une belle visibilité pour l’UNIL », conclut Olivier Mutter.

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Étudier les réponses des activistes aux crises environnementales https://wp.unil.ch/rapport-annuel-2020/etudier-les-reponses-des-activistes-aux-crises-environnementales/ Tue, 25 May 2021 14:55:51 +0000 http://wp.unil.ch/rapport-annuel-2020/?p=2435 Professeure assistante en études genre et environnement, Miriam Tola a rejoint l’UNIL en février 2020. Elle s’intéresse principalement à l’articulation entre inégalités sociales et inégalités environnementales, ainsi qu’aux liens entre les humains, les autres êtres vivants et le monde matériel. « Les relations que nous avons avec la nature sont corrélées à la manière dont nous concevons les rapports de genre, de classe et de race », affirme-t-elle.

Elle cite le concept de mère nature en guise d’exemple : « Cette image populaire est utilisée par les politiques, les activistes et même le pape, pour parler de la planète d’une façon qui se veut bienveillante, mais sans réfléchir à la question du genre », estime-t-elle. Or, selon elle, « évoquer mère nature c’est utiliser une figure genrée qui postule les ressources planétaires comme généreuses, voire illimitées ». En outre, face à cette figure maternelle, « on peut considérer les multinationales et tous les gros pollueurs comme des enfants rebelles, autrement dit y voir un phénomène individuel et non systémique », précise-t-elle.

Pour Miriam Tola, qui fut journaliste en Italie avant de passer dix ans aux États-Unis où elle a réalisé une thèse sur le genre et les politiques du commun, le choix des mots a une grande importance. Par exemple, elle précise qu’elle ne dit jamais « les hommes » pour parler du genre humain. Elle pointe l’ambiguïté du concept de mère nature, « utilisé de manière positive par les éco-féministes pour souligner la réciprocité entre les humains et la nature ».

Fabrice Ducrest © UNIL

L’action des féministes ne vise pas à supplanter celle de l’État mais à demander notamment une revalorisation du travail du care en reconnaissance de sa centralité.

Miriam Tola
Professeure assistante à l’Institut de géographie et durabilité
La crise du care à la lumière de la pandémie

Sa nouvelle recherche porte sur les politiques du care* en lien avec la pandémie. Elle s’intéresse aux contextes d’émergence des nouveaux virus, selon elle « la déforestation, l’urbanisation, l’agriculture intensive ou encore le franchissement de la barrière des espèces s’agissant des maladies zoonoses ».

Elle interroge les liens entre santé et environnement d’une part, et d’autre part la manière dont la pandémie a « rendu plus visibles les inégalités dans leurs dimensions de genre, de classe et de race ». Elle cite quelques éléments : la dévalorisation du travail du care, qui désigne des métiers majoritairement féminins, et, dans la sphère privée, la mauvaise répartition entre les sexes du surcroît de travail domestique lié à la pandémie ainsi que la montée de la violence envers les femmes au sein des couples hétérosexuels confinés. Ce dernier constat vaut en tout cas pour l’Italie, où il a été rapporté par une recherche à laquelle Miriam Tola a participé et qui a été publiée dans la revue américaine Feminist Studies.

Quelles sont ses sources ? « J’ai utilisé des outils comme l’observation participante et l’analyse des textes publiés par des groupes féministes et « queer ». Beaucoup de choses se passent notamment sur les réseaux sociaux, où ces féministes sont très actives et en contact avec de très nombreuses femmes. Il s’agissait de mettre en avant les réponses féministes à ces questions, des réponses qui passent par la création de réseaux de solidarité et d’entraide et qui révèlent les lacunes des dispositifs institutionnels. L’action des féministes ne vise pas à supplanter celle de l’État mais à demander notamment une revalorisation du travail du care en reconnaissance de sa centralité », résume-t-elle.

Miriam Tola s’intéresse aux réponses des activistes à la crise socio-environnementale. Elle collabore en ce moment à un projet de livre collectif sur la politique du care en lien avec la pandémie de Covid-19 dans plusieurs pays comme le Brésil, le Royaume-Uni, l’Italie et la France. Elle enseigne les idées et les politiques de la nature et prépare un nouveau cours de master sur la politique et la justice environnementales dans une perspective transnationale.

*  Le care concerne aussi bien les métiers de soins à la personne, souvent dévalorisés sur le plan socio-économique, et le travail domestique « gratuit » , inégalement réparti entre les femmes et les hommes…

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