Dans le domaine de la recherche, le projet avait comme principale ambition de proposer une perspective critique dans le champ de l’histoire de la télévision. Dans cette démarche, la notion de « télévision élargie » – qui a été précisée et développée par Anne-Katrin Weber et François Vallotton dans un ouvrage à paraître en ligne début 2022 – est centrale. Elle vise en effet à fonder un nouveau cadre théorique et méthodologique apte à saisir la télévision dans sa multiplicité et sa plasticité afin de dépasser son appréhension traditionnelle trop exclusive en tant que media de masse. Suivant cette logique, le projet a adopté une approche résolument transmédiatique.
Cette approche se manifeste à différents niveaux du projet, par exemple dans les thèses de Roxane Gray et Marie Sandoz. Portant sur les réalisateurs·trices de télévision, la première thématise entre autres les circulations entre télévision et cinéma. La seconde, dédiée à la télévision satellite, témoigne des liens du télévisuel avec les télécommunications, la presse ou encore la télématique. Notre participation à un ouvrage collectif sur l’histoire de l’Union internationale des télécommunications ainsi que notre codirection de la rubrique suisse de la revue Décadrages sur les relations entre cinéma et télévision s’inscrivent également dans cette volonté de décloisonner l’histoire de la télévision, tout comme notre direction d’un numéro de la revue Transbordeur, dédié à l’histoire de la vue aérienne et qui s’intéresse à la photographie, à la cartographie, au radar, aux drones, etc. Pour plus d’indications sur les nombreuses publications respectives des membres du projet, nous vous renvoyons à la page du site « Nos activités » ainsi qu’à celle du projet sur le site du Fonds national suisse de la recherche scientifique.
Cette ambition au décloisonnement s’incarne également dans un autre pan fondamental du projet : l’enseignement. Entre 2017 et 2021, François Vallotton et Anne-Katrin Weber ont dirigé ensemble et séparément un total de quatre cours et/ou séminaires de Bachelor et de Master à Lausanne et à Bâle. Ils portaient sur l’histoire croisée de la télévision et du cinéma, l’histoire du télévisuel en Suisse sous ses formes diverses et la télévision industrielle. François Vallotton prépare en outre un livre sur l’histoire du télévisuel en Suisse qui se base notamment sur ses enseignements.
Parmi les acquis du projet, il y a également son ouverture et sa résonance internationales. Outre la participation à de nombreuses conférences à l’étranger, elles se sont notamment manifestées par notre mise en place du colloque de Monte Verita (Centre Stefano Franscini) – doublé d’une école doctorale internationale – «Media History From the Margins». Durant une semaine, la rencontre a donné lieu à des échanges entre une quarantaine de chercheurs et chercheuses de treize nationalités différentes. Notre équipe a aussi été impliquée dans l’organisation du troisième Congrès de la Société pour l’histoire des médias sur les «Métiers et professions des médias» : annulé pour des raisons de pandémie, le Congrès a été transformé en site web.
Finalement, comme en témoigne ce billet, il faut souligner l’importance que nous avons accordée à la valorisation de nos recherches sur ce site web. Riche de 456 billets de blogs, de 34 articles, d’indications bibliographiques et d’une cartographie des archives pour écrire l’histoire du télévisuel en Suisse, il a été récompensé en 2020 par le prix Memoriav. Dans le champ de la valorisation, Anne-Katrin Weber est en outre à l’origine du site web dronetv.lu, une plateforme plurilingue autour de l’histoire de la télévision militaire, industrielle et éducative, et le collectif tvelargie, via notamment Roxane Gray, a été partie prenante de la réalisation d’un web-documentaire à l’occasion des cinquante ans du magazine de la RTS Temps Présent. On mentionnera aussi la contribution de l’équipe au projet pédagogique et à l’exposition virtuelle De haute lutte : réalisé sous l’égide du Service Culture et Médiation scientifique de l’Université de Lausanne. Ce projet de médiation problématise la question du droit de vote des femmes en Suisse.
Financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, le projet Au-delà du service public a contribué à développer un nouveau cadre théorique pour l’histoire de l’audiovisuel tout en inscrivant l’histoire de la télévision suisse dans un cadre transnational et pluridisciplinaire. Il a été l’occasion de consolider un réseau de recherche particulièrement dense en Suisse comme à l’étranger. Tout en permettant aussi, au-delà du nombre important de résultats et productions scientifiques, à renforcer des liens avec des acteurs professionnels de l’audiovisuel, passés mais aussi contemporains. Par ses formes originales de médiation, le projet a pu enfin rayonner au-delà des murs de l’université. A l’instar du médium qu’il étudie, il a ainsi cherché à rapprocher des lieux et des milieux souvent par trop cloisonnés.
]]>Extrait:
How to write the history of television’s forgotten actors and neglected technologies?
The research project TVélargie has run for 4 years at the University of Lausanne, Switzerland. Led by Prof. François Vallotton and Dr. Anne-Katrin Weber, it digs into the history of Swiss television from 1960 to the late 1990s and shifts the perspective focusing on the national broadcasting institution towards the margins of the media’s history. The pre-digital era is dominated by the monopoly of the Swiss Broadcasting Corporation (SSR), which lost its hegemonic status in the early 1980s when private television and radio stations were allowed to access the airwaves. But already before 1983, the televisual landscape is shaped by many, often minor actors and various, sometimes forgotten, technologies whose history our research project brings to the fore.
]]>Présentation de l’ouvrage:
Film and television create worlds, but they are also of a world, a world that is made up of stuff, to which humans attach meaning. Think of the last time you watched a movie: the chair you sat in, the snacks you ate, the people around you, maybe the beer or joint you consumed to help you unwind—all this stuff shaped your experience of media and its influence on you. The material culture around film and television changes how we make sense of their content, not to mention the very concepts of the mediums. Focusing on material cultures of film and television reception, The Stuff of Spectatorship argues that the things we share space with and consume as we consume television and film influence the meaning we gather from them. This book examines the roles that six different material cultures have played in film and television culture since the 1970s—including video marketing, branded merchandise, drugs and alcohol, and even gun violence—and shows how objects considered peripheral to film and television culture are in fact central to its past and future.
Voir aussi l’article rédigé par Caetlin Benson-Allott pour le blog des UCP intitulé « “The X-Files is Weed”: How Material Culture Shapes Film and Television Cultures ».
]]>Sur une initiative de Maria Tortajada, ce dossier a souhaité rendre hommage à Marthe Porret, doctorante-chercheuse en histoire du cinéma tragiquement décédée en avril 2014 et valorisera ses travaux sur les pratiques de production à la croisée des milieux télévisuels et cinématographiques suisses. Le texte de sa communication sur le rôle joué par le Service dramatique de la Télévision Suisse Romande (TSR) dans la formation d’un style cinématographique romand ainsi que l’entretien qu’elle avait mené en 2010 avec Maurice Huelin, responsable du Service dramatique, ont ainsi été repris et adaptés par Roxane Gray et Laurence Gogniat.
Ces travaux de valorisation ont été complétés par plusieurs articles inédits écrits par plusieurs membres de notre projet de recherche « TV élargie ». François Vallotton introduit ce dossier par une réflexion originale sur l’histoire culturelle de la production audiovisuelle en Suisse. Sa réflexion invite à nuancer la nouveauté du phénomène et à inscrire le caractère hybride des deux médias dans une longue durée. Marie Sandoz analyse l’arrivée en Suisse de la télévision par abonnement ainsi que le tournant qu’elle engendre dans les rapports entre les deux médias. En analysant le contexte d’émergence des premières chaînes payantes suisses, Télécinéromandie et Teleclub, l’historienne décortique les débats qui agitent le paysage audiovisuel helvétique, alors en pleine mutation, et révèle les positions hétérogènes des exploitants et distributeurs de cinéma à l’égard de la Pay-TV. Roxane Gray revient pour sa part sur la politique du Secteur Fiction de la TSR, dirigé de 1980 à 1990 par Raymond Vouillamoz, et démontre l’importance des modèles cinématographiques dans les stratégies de production des téléfilms.
Ce dossier se ponctue par la synthèse des recherches menées par Laurence Gogniat au Département audiovisuel de la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds dans le cadre de la « Filmographie neuchâteloise ».
La rubrique suisse est dès à présent consultable sur le site de Décadrages. Bonne lecture !
]]>Elle y présente de manière synthétique et abordable ses recherches sur l’histoire des réalisateurs et réalisatrices de télévision en Suisse romande entre 1954 et 1996, des recherches qu’elle mène dans le cadre de sa thèse de doctorat au sein de notre projet « Pour une histoire élargie de la télévision en Suisse ».
Le premier épisode de DÉCRYPTÉ recevait la sociologue spécialiste des questions de genre, Éléonore Lépinard. La professeure associée à l’Institut des sciences sociales y aborde le thème de l’intersectionnalité dans les mouvements féministes contemporains.
]]>Alors que les media studies représentent un champ de recherche fécond et hétérogène et recouvrent aujourd’hui un éventail d’approches variées, cette rencontre se propose de penser notre rapport à la recherche sur les médias et de lancer une réflexion collective autour des pratiques et démarches possibles. Comment se repérer parmi des courants de recherche hétéroclites et en constant renouvellement ? Quelles approches adopter dès lors que l’on se confronte aux contraintes d’un terrain d’étude et des sources mobilisées ?
Cette journée réunira pour cela neuf doctorant·e·s issu·e·s de différentes disciplines et recevra Simone Natale, Professeur associé à l’Université de Turin, qui introduira la journée par une conférence « The internet is baroque: on media theory outside media theory ».
Découvrir le programme de l’évènement.
Consulter la brochure de la journée.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à naviguer sur ces différents sites : Metis, Métiers et professions des médias (XVIIIe-XXIe siècles) ainsi que le site Médialittérature du projet éponyme dirigé par Estelle Doudet.
]]>Fournissant en guise d’introduction une « brève histoire de la télévision industrielle » à la fois synthétique et bien documentée, le site web se déploie ensuite autour de quatre axes qui explorent chacun à leur manière un pan de la télévision industrielle, aussi appelée télévision en circuit fermé. Les différentes contributions sont soit le fruit du travail de l’historienne de la télévision, soit celui de ses étudiant·es qui ont suivi le Seminar für Medienwissenschaft à l’Université de Bâle durant le semestre d’automne 2020.
L’axe « Cibler » s’intéresse d’abord à l’usage de la nouvelle technologie durant la deuxième guerre mondiale où elle est entre autres incorporée à des drones télécommandés. Un second texte documente quant à lui le rôle de la télévision en circuit fermé dans deux essais d’explosion de bombes nucléaires effectués par les États-Unis dans l’océan Pacifique, près de l’île de l’atoll de Bikini.
L’axe « Surveiller » comprend trois articles. Le premier porte sur le système de navigation pour le contrôle du trafic aérien TELERAN, développé par la Radio Corporation of America (RCA) au sortir de la guerre, le deuxième sur l’usage de la télévision dans le cadre du trafic routier lors de l’Exposition nationale suisse à Lausanne en 1964 et le troisième sur la circulation des images de télésurveillance du tabassage de Rodney King par quatre policiers en mars 1991 à Los Angeles.
L’axe « Contrôler » propose un voyage dans le temps pour comprendre comment la société Telekurs a innové les pratiques de la prestigieuse place financière zurichoise dans les années 1960.
Finalement, l’axe « Instruire » explore l’usage pédagogique de la télévision en circuit fermé. Un texte s’intéresse ainsi à l’expérience Telepoly, qui a relié via un dispositif de vidéoconférence les universités de Lausanne, Zurich et Bâle au milieu des années 1990. Un autre présente l’expérience de télévision scolaire menée à l’Université de Zurich dans les années 1960 tandis qu’un troisième retrace l’histoire du projecteur suisse Eidophor, en particulier son usage dans le cadre de la médecine.
Très bonne découverte de toutes ces précieuses ressources !
]]>Tout récemment, Heather Heywood, à la tête du Information Management Service de l’UIT à Genève, s’entretenait avec les deux historiens qui ont dirigé le volume, Andreas Fickers et Gabriele Balbi. La vidéo qui est issue de cette rencontre, en plus de présenter les apports de la publication, est richement documentée avec des images d’archives.
Sous la direction d’Anne-Katrin Weber, l’équipe TV élargie a participé à cette réflexion collective et s’est intéressée au cas suisse. Alors que le gouvernement helvétique occupe dès 1875 une place de premier plan dans le fonctionnement de l’UIT, la Suisse perd ses privilèges lorsque l’organisation, à l’origine européenne, se voit rattachée en 1947 aux Nations Unies. Notre étude s’intéresse à l’une des stratégies mises en oeuvre par le pays pour renégocier sa place au sein de l’organisation mondiale : les expositions de télécommunications.
Le chapitre « ITU Exhibitions in Switzerland: Displaying the “Big Family of Telecommunications,” 1960s–1970s » retrace les différentes expositions organisées en Suisse sous l’égide de l’UIT et souligne leur rôle stratégique pour les deux parties. Plateforme de promotion des nouvelles technologies de télécommunications et d’une tradition d’un savoir-faire helvétique, lieu de diffusion des valeurs phares de l’UIT et voie d’accès de l’industrie helvétique aux marchés internationaux, ces expositions, arènes techno-diplomatiques, permettent à la Suisse de maintenir une position privilégiée au sein de la « grande famille des télécommunications ».
L’introduction et la table des matières de l’ouvrage sont disponibles en libre accès ici.
]]>Extrait de l’appel à contribution ouvert jusqu’au 1er mai:
« This conference will offer opportunities to share ideas and exchange research on the medium’s international histories. Scholars of all backgrounds and disciplines are invited to think about the question what role and influence television has had over the last seventy years. The conference seeks to address how television has created its own media logic that has influenced other cultural practices like journalism, sport, politics, theatre and drama, entertainment, youth cultures and education. We invite papers based on academic, preferably historic research about these perspectives. During the conference, we will encourage discussion on the development of the academic discipline of Television Studies from the 1950s until now. »
Les propositions sont à envoyer à l’adresse suivante: tvhistoriesconference@gmail.com
]]>S’inscrivant au croisement de l’histoire du film neuropsychiatrique et du champ du useful cinema ou Gebrauchsfilm, l’initiative entend répondre aux questions suivantes sur la base d’un important corpus d’archives filmiques: « Comment les psychiatres et neurologues suisses se sont-ils emparés, au XXe siècle, du médium filmique dans leur pratique de médecins, d’enseignants et de chercheurs ? Que disent ces films sur la maladie, les patient·e·s et les thérapeutes et, inversement, que révèlent-ils du cinéma en tant qu’outil participant à la construction des phénomènes observés ? »
Le début du projet s’avère par ailleurs dynamique avec la création d’un blog déjà riche de deux billets. Le premier présente la thèse qui sera menée dans son cadre au sujet des films neuropsychiatriques d’Ernst Grünthal, le deuxième s’intéresse au « cas Franz Breundl », un jeune homme souffrant d’importants problèmes de mémoire et que le psychiatre Ernst Grünthal a filmé durant six ans.
Bonne lecture!
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