Sur proposition de la Direction de l’Université de Lausanne,
la Ville de Lausanne
décerne le
le Prix de la Ville de Lausanne à
Monsieur Caleb Abraham
Faculté des lettres
Portrait du lauréat
Grâce au travail de Caleb Abraham, nous disposons maintenant du catalogue de la Bibliothèque de l’Académie de Lausanne au XVIe siècle. Jusqu’à ce jour, les ouvrages ayant appartenu à cette bibliothèque se trouvaient dispersés dans les fonds anciens de la Bibliothèque cantonale et universitaires (BCU) et rien ne signalait dans le catalogue actuel de cette bibliothèque leur appartenance au noyau initial de la Bibliothèque académique. Caleb Abraham a réussi, grâce à un travail extraordinaire de patience et de précision, en observant physiquement un par un tous les volumes imprimés des fonds précieux de la BCU datant d’avant 1601, à retrouver les ex-libris manuscrits et les autres marques signalant l’appartenance à la Bibliothèque de l’Académie de Lausanne au XVIe siècle siècle et à en faire un catalogue qui comprend 578 volumes en cinq langues (latin, grec, hébreu, français et syriaque).
Nous avons ainsi appris que ces ouvrages, soigneusement sélectionnés et acquis années après années par les professeurs et les pasteurs de Lausanne (grâce à un budget de 100 florins annuels) formaient une bibliothèque de recherche de premier ordre dans les domaines des langues et des littératures anciennes (latin, grec et hébreu), des études bibliques et de la théologie. Les volumineuses collections d’œuvres complètes, que ce soient celles des Pères de l’Église ou de savant du XVIe siècle tels qu’Érasme de Rotterdam formaient une part substantielle de cette bibliothèque académique de la Renaissance qui contient de véritables trésors, comme la célèbre Bible polyglotte d’Alcalá (1517).
À travers l’observation de la composition de la Bibliothèque, Caleb Abraham a éclairé un pan de l’histoire intellectuelle de l’Académie de Lausanne au XVIe siècle, une institution trilingue (latin, grec et hébreu) renommée et pionnière en Europe qui alliait la pédagogie et la philologie humaniste avec l’érudition protestante naissante.
Un trait particulier de la Bibliothèque académique lausannoise du XVIe siècle, qui apparaît clairement dans ce travail et la distingue d’autres bibliothèque académiques protestantes de la même époque, comme celle de Zurich, est qu’elle contient un nombre significatif d’ouvrages rédigés par des auteurs catholiques contemporains. Les professeurs lausannois cherchaient à connaître les positions des savants au-delà des barrières confessionnelles, et ceci non seulement pour pouvoir les combattre lorsqu’elles s’opposaient à la théologie réformée mais aussi pour s’en inspirer lorsqu’elles pouvaient les éclairer.