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1675

César de Saint-Réal, Mémoires de la duchesse de Mazarin

[s. l.], Pierre du Marteau, 1675.

Interdiction de représenter

Les mémoires d'Olympe Mancini consistent principalement à exposer ses malheurs conjugaux, son mari étant dépeint comme un dévot fou. Parmi les excès de ce dernier, l'interdiction du théâtre :

M. Mazarin prenait à tâche de me fâcher en tout. Je pourrais vous en die plusieurs particularités, mais je me contenterai de vous en rapporter une des plus éclatantes. J’avais fait élever un théâtre dans mon appartement pour y donner la comédie à quelques personnes de la Cour. Deux heures avant qu’on s’en dût servir, M. Mazarin, sans m’en avertir, s’avisa de le faire abattre, parce que c’était jour de fête et que la comédie est un divertissement profane. Tout cela n’empêchait pas que nous ne nous visions fort civilement les après-dinées, car nous ne mangions ni couchions ensemble. […] Mon frère (p. 294) m’avait écrit cette autre lettre à Saint Germain, où j’étais quelques jours après que M. Mazarin eût fait abattre le théâtre que je vous ai dit que j’avais fait faire dans mon appartement. Elle commence ainsi :

Vous de tout l’Univers unique en votre espèce
Plus belle que Vénus, plus chaste que Lucrèce,
Etc

Ensuite, il continue par des remerciements de ce que je lui avais écrit et par des nouvelles de sa santé qui ne veulent rien dire. Après quoi, il poursuit de cette sorte :

Vous saurez cependant que votre cher époux
S’informe à tout le monde incessamment de vous :
Il me vint voir un soir d’un air acariâtre
Et se moqua de moi, me parlant du théâtre.

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