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1679

Louis Ferrier de la Martinière, Anne de Bretagne, reine de France

Paris: J. Ribou, 1679

Double réception d'un sujet historique

Se fondant sur la réception mitigée de sa pièce lors de la représentation, l'auteur entreprend dans cette préface de justifier ses partis pris:

Monsieur,

Je prends la liberté de vous demander votre protection pour une pièce qui a trouvé de grands obstacles dans sa représentation et qui peut-être n'en trouvera pas de moindres sur le papier. La nouveauté de son sujet lui a attiré bien des censeurs, et j'ai été surpris de voir qu'elle n'ait point plu à de certaines gens, par l'endroit même où je croyais qu'elle devait plaire le plus. Ils ont dit que notre histoire était mal propre à fournir des sujets de tragédie, qu'il fallait mener le spectateur dans un pays éloigné, remplir son oreille par des noms plus pompeux, lui imposer et l’éblouir en quelque façon. D'autres personnes au contraire m'ont applaudi sur le choix de mon sujet. Ils ont cru avec Horace qu'on pouvait s'écarter avec honneur des traces des anciens :

Non minimum meruere decus vestigia graeca ausi deserere.

Ils ont dit que les Grecs eux-mêmes n'ont point emprunté des histoires étrangères les sujets de leur tragédie, que les Romains ont quelquefois mis sur leur scène des héros de leur nation ; que nous pouvons imiter les uns et les autres et attacher nos spectateurs par une agréable nouveauté.

Gratia novitate morandus spectator

Je vous laisse votre jugement libre là-dessus, Monseigneur. Ce n'est pas à moi à décider une question où je suis trop intéressé. [...]

Louis Ferrier de la Martinière, Anne de Bretagne, reine de France , Paris, Ribou, NP 1-3


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