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1694

Elisabeth-Charlotte de Bavière – Princesse Palatine, Correspondance de Madame, Duchesse d'Orléans

Une spectatrice tient tête au roi pour défendre la moralité de la comédie

Dans cette lettre de Paris datée du 23 décembre 1694, la Palatine rapporte un échange avec le roi dans lequel elle prend position dans la querelle de la moralité du théâtre en distinguant des réceptions « à risques » de celles qui ne constituent aucun danger :

Nous avons failli n'avoir plus de comédie. La Sorbonne, pour plaire au roi, a voulu la faire interdire. Mais l'archevêque de Paris et le père de la Chaise doivent lui avoir dit que ce serait trop dangereux de défendre les divertissements honnêtes parce que cela pousserait la jeunesse à plusieurs vices abominables... Moi, tant qu'on ne l'abolira pas entièrement, je continuerai d'y aller... Il y a quinze jours, comme on prêchait contre la comédie en disant qu'elle « animait les passions », le roi se tourna vers moi et me dit : « Il ne prêche pas contre moi, qui ne vas [sic] plus à la comédie, mais contre vous autres qui l'aimez et y allez. » « Quoique j'aime la comédie, répondis-je, et que j'y aille, Monsieur d'Agen ne prêche pas contre moi, car il ne parle que contre ceux qui se laissent exciter des passions aux comédies et ce n'est pas moi. Elle ne me fait d'autre effet que de me divertir et à cela il n'y a nul mal ». Le roi ne dit mot...

Correspondance de Madame, Duchesse d'Orléans, Paris, A. Quantin, vol. I, 1880.  

En ligne sur Gallica, p. 118.


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