1683

(Charles Chevillet dit) Champmeslé, Le Parisien

Paris, Ribou, 1683

Réflexions sur la réception des comédies

Après avoir été acteur, Champmeslé s'essaie à la comédie en proposant cette pièce en cinq actes ;il n'oublie pas dans la préface la maxime de la bonne réception :"on n'appelle point des jugements du public".

Si cet ouvrage a eu le bonheur d'être suivi durant quelque temps, je l'attribue beaucoup moins à son mérite qu'à la peine que mes camarades ont bien voulu se donner pour le représenter dans toute la perfection dont ils sont capables, et à la bonté de mes auditeurs, qui ont bien voulu y rire sans se donner la peine d'examiner si c'était dans les formes. Parmi quantité de défauts qui s'y sont trouvés, et que je n'entreprends pas de défendre, j'avoue que le titre en est un des plus considérables, et que mon héros pouvait être de tout pays. Je ne manque pas de raisons, bonnes ou mauvaises, pour justifier ma conduite. Jamais un auteur n’en a manqué ; mais depuis quinze ou seize ans que j’ai commerce avec Messieurs les poètes, je me suis trop souvent récrié contre l’inutilité de leurs défenses, pour vouloir tomber dans les mêmes fautes. On n’appelle point des jugements du public. En vain, un auteur dans sa préface prend soin de rejeter la chute de son ouvrage sur les mauvais goûts des spectateurs, sur la rigueur des temps, ou sur la malice des acteurs. Une bonne pièce surmonte tous ces obstacles et, pour moi, je n’attribuerai jamais le peu de réussite d’un ouvrage qu’au peu de mérite de l’ouvrage même.

Préface en ligne sur Gallica n.p.


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