Jusqu’au printemps 2020, nous n’imaginions pas à quel point l’incertitude, que nous avions pourtant évoquée sous une forme conceptuelle dans notre plan d’intentions 2017-2021, allait devenir le centre de nos préoccupations. L’incertitude mène à la peur, nous pensions le savoir. Mais l’année de pandémie écoulée a marqué beaucoup d’entre nous par la révélation de l’intensité de ce lien entre peur et incertitude, et du désarroi qu’il entraîne. Notre société a été rudement éprouvée, et la communauté l’UNIL n’a pas fait exception. À l’heure où il semble permis de concevoir un été relativement calme, du moins sous nos latitudes, quel bilan tirer de l’expérience COVID-19 ?
Le premier mot qui me vient à l’esprit est celui de « fierté ». Je reste profondément impressionnée par ce que nous, et par nous j’entends toute la communauté UNIL, avons réussi à accomplir. Passage en télétravail pour la grande majorité des milliers de collaboratrices et collaborateurs qui travaillent à l’UNIL, et donc passage en ligne de toutes les fonctionnalités de l’UNIL, et ce en quelques jours. Adaptations constantes des modalités d’enseignement selon ce qu’il nous était permis de faire : tout à distance dès le 15 mars 2020, une rentrée 2020 partiellement en présence, puis nouveau basculement vers l’enseignement à distance à la fin octobre 2020. Organisation d’examens en présence et à distance au gré des évolutions des consignes sanitaires. Et en arrière-plan, dans la mesure du possible, la continuation opiniâtre de nos projets de recherche.
Pour nos étudiant·e·s, la crise a été spécialement difficile. Pour celles et ceux entrant en première année de Bachelor à l’automne 2020, l’initiation aux exigences des cursus universitaires a été rude. Alors que les nouveaux venus peuvent d’habitude s’appuyer l’un sur l’autre pour s’adapter au rythme accéléré des cours et acquérir la discipline et l’autonomie nécessaires, cette volée a vécu la transition entre gymnase et université surtout à distance, par écran interposé. Elle n’aura eu que quelques semaines – avec juste un tiers des étudiantes et étudiants présents en même temps sur le campus – pour tisser les liens sociaux qui devraient faire partie intégrante de la vie estudiantine ! Je salue la vaillance de ces étudiant·e·s et leur souhaite de tout cœur une rentrée à l’automne 2021 sereine, dans les conditions qui devraient être celles de la vie universitaire !
Si notre université peut être fière de la façon dont elle a traversé la crise, il s’agit aussi d’en tirer les leçons. La majorité des enseignants et des étudiants s’accorde à souligner la nécessité absolue de donner les cours en présence. Mais veut-on pour autant renoncer à la flexibilité qu’offrent des cours disponibles en ligne, que l’on peut consulter et reconsulter à sa guise ? Les conditions d’enseignement sont-elles meilleures dans un auditoire accueillant quelque 600 personnes que par écran interposé, alors qu’il semble que les étudiantes et étudiants soient plus enclins à poser des questions dans le second cas ? Lesquelles des innombrables réunions administratives pourrions-nous mener à distance, et à quelle fréquence, sans perdre en efficacité ? Autant de questions que la communauté universitaire doit rapidement explorer.
Nous ne sortirons pas inchangés de cette crise, mais une chose reste sûre : il nous faut plus que jamais préparer nos étudiant·e·s à l’incertitude. Comme l’affirmait notre plan d’intentions en 2017, l’UNIL doit :
Favoriser chez ses étudiant·e·s l’acquisition d’une culture de la recherche scientifique, qui les confronte à l’incertitude à laquelle doivent faire face celles et ceux qui touchent aux limites de la connaissance et qui développe leur curiosité, leur esprit d’initiative et leur capacité à gérer la complexité.
C’est plus que jamais nécessaire dans un monde en mutation où il faudra proposer des solutions nouvelles et savoir décider en situation d’incertitude.