Bien sûr, cette année nous aura appris ce qu’est l’incertitude, nous l’illustrant de manière imprévue en impactant avec une force inédite nos vies, notre travail et l’organisation souvent « impeccable » dont on est normalement si fiers, dans la soi-disant normalité. Faire fonctionner une machine institutionnelle est compliqué dans des situations usuelles : les aléas sont toujours à l’affût, la nécessité de replanifier ou de corriger la route s’impose souvent. Mais, habituellement, l’incertitude n’est pas une condition constante. Il s’agit plutôt d’une exception. Lorsqu’elle s’impose comme caractère dominant, lorsqu’elle force à revoir toutes démarches, toutes pratiques, même les plus élémentaires, lorsqu’elle bouleverse les calendriers, modifie en profondeur ce qui est possible et ce qui est difficile ou compliqué à faire ou à prévoir : c’est là que les organisations – même les meilleures – sont soumises à un vrai test de stress institutionnel.
Sans vouloir en exagérer les effets, la situation de l’année qui se clôt a imposé au Conseil de l’Université une réflexion importante sur son rôle et sur sa raison d’être. Organisme de gouvernement démocratique de l’Université, instance législative et délibérative qui représente tous les corps de la communauté universitaire, le Conseil de l’UNIL a dû faire face, pendant les derniers mois, à une charge inédite de dossiers et, par conséquent, de décisions importantes, qui ont été rendues de plus en plus difficiles par le contexte.
Comme d’ailleurs toutes les activités vitales de l’Université, telles que la pratique de l’enseignement et la plupart de la recherche, le Conseil a pu poursuivre son travail pratiquement sans cesse, multipliant ses séances et ses travaux préparatoires pour faire face à de nombreuses urgences législatives et organisationnelles.
Cela a été possible essentiellement grâce à la disponibilité et à la flexibilité démontrées par tous ses membres : disponibilité et flexibilité qui s’avèrent comme les meilleurs antidotes contre l’incertitude dominante. Mais il y a un effet ultérieur de cette condition : avec une intensité auparavant inconnue au sein du Conseil, s’est manifestée la volonté de mieux enregistrer et de transmettre de manière plus efficace aux prochaines formations du même organe les expériences et les bonnes pratiques mises en œuvre pendant la législature actuelle. C’est ce que le bureau du Conseil fera, en particulier par rapport à la démarche suivie lors de l’élection du nouveau Recteur et à la gestion d’autres dossiers importants. En effet, parmi les incertitudes du récent passé et, malgré tout, aussi du présent, il y a quand même une certitude : l’élection d’un nouveau Recteur et la formation d’une nouvelle Direction – le parcours qui a conduit à sa ratification a été l’un des dossiers les plus importants de la législation actuelle du Conseil – ont été achevées, malgré les nombreuses difficultés pratiques qui se sont interposées.
La thésaurisation de l’expérience institutionnelle et la transmission – pour ainsi dire intergénérationnelle – des expériences vécues sont bien évidemment une manière de braver l’incertitude du présent et de préparer la route pour un futur institutionnel à la hauteur de notre Université.