Le voyage d'Ulysse (4)
Au pays des morts
Ulysse est chez la nymphe Circé quand il apprend que, pour connaître la route qui le ramènera à Ithaque, il doit encore se rendre chez les morts et y interroger l'âme du devin Tirésias — le devin fameux qui avait révélé son destin à Œdipe. Dans le monde chanté par les poèmes d'Homère, il n'y a rien à attendre d'une vie dans l'au-delà. Après les funérailles, les âmes des morts vont dans l'Hadès où elles ne sont que des ombres privées de sens et de raison. Seul Tirésias, l'aveugle, a le privilège de pouvoir garder intact ses pensées et sa raison, un privilège que lui accorde Perséphone, la reine des morts.
Le pays des morts est aux confins de l'Océan; il faut d'abord atteindre le pays des Cimmériens toujours couvert de brume et aller au bois de Perséphone, où les arbres portent des fruits morts; près de là se trouve le palais moisi d'Hadès et les eaux du Styx se mêlent aux fleuves de l'Achéron et du Pyriphlégéton.
C'est là qu'Ulysse se rend et qu'il accomplit le sacrifice dû aux morts en les invoquant. Le sang versé les attire en foule, jeunes femmes, jeunes gens, vieillards usés par la vie, guerriers tués à la guerre. A les voir, la peur verte saisit Ulysse et ses compagnons. Dans la foule, ils reconnaissent leurs proches et Ulysse voit sa mère. Mais avant de lui parler, il doit interroger le devin Tirésias qui lui enseigne la route encore longue et dangereuse qui le mènera à Ithaque. Après avoir parlé au devin, Ulysse s'entretient avec d'autres morts. Il leur offre d'abord un peu de sang pour qu'ils puissent retrouver leur sens et leurs pensées. Ulysse parle à sa mère, il lui demande des nouvelles de la vie à Ithaque et, quand elle répond, il tente de l'embrasser mais, trois fois, il ne saisit rien. Il interroge sa mère: "N'est-elle qu'une illusion ?" Sa mère répond: "Les âmes des morts sont comme des songes !"