Le voyage d'Ulysse (5)
Le chant des sirènes
Circé a averti Ulysse. Sa route le fera passer au large de l'île des sirènes. Le marin imprudent qui s'attarde pour écouter leur chant ne repart plus et ne revoit jamais son épouse, ni ses enfants ni sa terre. Ensorcelé par la voix des sirènes, il se consume à les écouter et, de lui, il ne reste bientôt plus qu'une dépouille qui se décompose sur le rivage. Le charme des sirènes est mortel.
Quand Ulysse approche de leur île, le vent tombe et c'est le calme plat. L'équipage prend les rames et le bateau avance lentement. Ulysse prépare des morceaux de cire de miel pétrie et les met dans les oreilles de ses hommes pour les rendre sourds à la voix des sirènes. Lui seul veut entendre, mais prudent il se fait attacher au mat. Le chant arrive à lui. Les sirènes lui promettent un savoir plus grand:
Viens, Ulysse fameux, gloire éternelle de la Grèce, arrête ton navire afin d'écouter notre voix! Jamais aucun navire noir n'est passé là sans écouter de notre bouche de doux chants. Puis on repart, charmé, lourd d'un plus lourd trésor de science. (trad. P. Jaccottet).
Conquérir un savoir plus grand ! Ulysse voudrait s'arrêter, il s'agite mais ses hommes, qui n'entendent rien, viennent, comme c'était décidé, resserrer ses liens. Lentement, le navire s'éloigne et Ulysse découvre l'envers de ce décor séducteur: des os de corps décomposés dont les chairs pourrissent. La promesse d'un surplus de savoir était un piège mortel.