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1675

Pierre de Villiers, Entretien sur les tragédies de ce temps

Paris : E. Michallet, 1675

Un public convaincu ne change pas d'avis

Les derniers échanges du dialogue sont consacrés à l’Iphigénie concurrente de celle de Racine, que Leclerc et Coras s’apprêtent à porter sur le théâtre. Derrière les avis de Timante, qui prône une tragédie sans amour, on lit le succès de la pièce de Racine.

CLEARQUE.
Ces auteurs qui ont entrepris, à ce qu’on dit, de faire paraître une nouvelle Iphigénie, incomparablement plus belle que celle que nous avons vue, ces auteurs, dis-je, seraient des gens à profiter de vos avis ; car on dit qu’ils ne négligent rien pour effacer la gloire de l’auteur de cette pièce. Peut-être que si vous les avertissiez de ne point mettre de tendresse dans la tragédie qu’ils préparent, cela ne contribuerait pas peu au grand succès qu’ils espèrent.

TIMANTE.
Le meilleur avis qu’on pourrait donner à ces auteurs, serait de travailler sur un autre sujet. J’ai de la peine à croire que leur Iphigénie soit jouée durant trois mois comme celle que nous avons vue. Quand le public s’est déclaré pour une pièce, il a de la peine à changer. Au reste, ne croyez pas que des auteurs médiocres soient capables de mettre en crédit mon nouveau système de tragédie, si j’ose parler ainsi. Il ne sera reçu dans le monde qu’autant qu’il sera approuvé de ceux dont la réputation est établie.

Racine, Œuvres complètes, I, Paris,Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade", 1999, p. 792 

Dissertation en ligne sur Gallica, p. 141-144


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