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1697

Edme Boursault, Lettres nouvelles de Monsieur Boursault, accompagnées de fables, de …

Paris : T. Girard, 1697

Singes saltimbanques

Dans la lettre à monsieur l’évêque et duc de Langres, Boursault évoque un spectacle un peu particulier.

De là nous allâmes à Senlis, où le receveur des fermes du roi nous avait conviés à dîner. Pendant que nous dînions il y vint dans son bureau de ces gens qu’on appelle saltimbanques et danseurs de corde, qui avaient avec eux deux singes qui faisaient des choses si surprenantes que pendant une demi-heure nous eûmes un divertissement aussi agréable qu’on en puisse avoir, sans qu’il en coutât rien à personne. J’appris même une chose que je ne savais pas. Par toutes les villes où il y a des endroits établis pour recevoir les droits du roi, cette sorte de gens qui vont de foire en foire, et qui ont l’art de donner, si j’ose me servir de ce terme, de l’éducation aux singes, sont obligés, sur peine de confiscation d’aller faire leur soumission au bureau et de demander un passeport, que le commis leur donne gratis : en reconnaissance de quoi le maître des singes est tenu de les faire sauter et danser devant les commis ; et c’est de là qu’est venu ce proverbe : payer en monnaie de singe, en gambades. Bien des gens ont mis ce proverbe en œuvre, et moi peut-être plus souvent qu’un autre, sans en savoir l’origine.

       

Recueil consultable sur Google Books, p. 214-215.


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