[s. d.]

Guy Marais, Furetiriana

Paris, Guillain, 1696

Origine des sifflets à la comédie

Ces hypothèses sur l'origine des sifflets à la comédie finissent par une épigramme dans laquelle se voient épinglés Boyer, Pradon et Fontenelle.

Un de mes amis me demanda il y a quelques jours d’où venait l’origine des sifflets à la comédie. Les sentiments sont partagés là-dessus, lui dis-je. Il y en a qui prétendent qu’elle vient d’Espagne, comme le marque une dame dans une petite relation qu’elle nous a donnée de cette cour. D’autres au contraire en attribuent la gloire au théâtre français, fondés sur cette épigramme, qui est une grande autorité pour eux - je la mets ici, parce que peut-être tout le monde ne la sait pas. Il y a un troisième parti qui prétent que nous les tenons de ces petits Taribots dont il est parlé dans la Relation de l’île de Madagascar de Monsieur l’Abbé de C***. Je le croirais bien aussi, et que ce serait ce qui aurait donné lieu à quelqu’un qui aurait lu cette relation, de s’en servir à la première mauvaise pièce qu’il aurait vue et, comme peut-être celui qui a fait l’épigramme suivante n’avait point lu cette relation, il a cru que leur origine ne remontait pas plus loin qu’à la première pièce où l’on siffla :

Epigramme

Ces jours passés, chez un vieil historien,
Un chroniqueur mettait en question
Quand à Paris commença la méthode
De ces sifflets qui sont tant à la mode.
Ce fut, dit-l’un, aux pièces de Boyer.
Gens pour Pradon voulurent parier.
Non, dit l’acteur, voici toute l’histoire,
Que par degrés je vous vais débrouiller.
Boyer apprit au parterre à bâiller.
Quant à Pradon, si j’ai bonne mémoire,
Pommes sur lui volèrent largement.
Or quand sifflets prirent commencement,
C’est, j’y jouais, j’en suis témoin fidèle,
C’est à l’Aspar du sieur de Fontenelle.

Ana disponible sur Gallica.


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