L’incertitude est au cœur des défis qui assaillent nos économies et nos démocraties. Parviendrons-nous à renouveler le système dans un sens plus durable et résilient, qui réduit notre impact écologique sans renoncer à la prospérité ? C’est une question parmi d’autres, peut-être la question principale pour des institutions comme l’UNIL et sa Faculté des HEC, l’IMD et l’EPFL, les trois partenaires du Centre Enterprise for Society (E4S), qui promeut via notamment un nouveau programme de Master une vision innovante et durable du management et de la technologie.
« Il faut penser, accompagner et anticiper les changements dans lesquels nous sommes entrés et qui touchent tous les secteurs clés de l’économie et de la société sous l’effet de la révolution numérique, du changement climatique et des nouveaux risques pandémiques globaux », esquisse le professeur Jean-Philippe Bonardi (HEC), qui fait partie du comité exécutif du Centre E4S avec ses collègues Jean-Pierre Danthine et Dominique Foray (EPFL), ainsi que David Bach (IMD). Le Master issu de cette collaboration est dirigé, côté UNIL, par le professeur Olivier Gallay.
Le défi est mondial mais on doit l’affronter ici et maintenant : « Les solutions à imaginer et à mettre en place pour assurer cette transition économique et technologique impliquent d’activer notre écosystème local, académique, administratif, industriel, financier, associatif », poursuit Jean-Philippe Bonardi. L’idée de ce master unique en son genre, issu des réflexions et des échanges entre les trois institutions basées à Lausanne, est de former les futurs acteurs du changement dans une vision forte qui allie les technologies digitales, la robotique, les sciences de la vie, l’économie et le management.
Un monde de ruptures et d’opportunités
L’originalité du Master E4S vient de ce qu’il fera travailler ensemble (dès septembre 2021) une quarantaine d’étudiantes et d’étudiants choisis sur dossier et issus pour certains de l’économie et pour d’autres de l’ingénierie. Donnés sur les trois campus de l’UNIL, de l’EPFL et de l’IMD, les cours eux-mêmes sont pensés en fonction de cette double orientation, pour faire émerger des projets qui se veulent transformateurs, par exemple dans des domaines tels que la mobilité, l’habitat, la logistique, l’énergie ou les ressources humaines. Le dernier semestre est conçu comme un stage dans une entreprise privée, une institution publique, une fondation, une start-up existante ou en création…
« Les ruptures fortes comme celle que nous vivons accroissent de manière puissante le champ des opportunités, mais accumulent aussi les peurs sur fond d’incertitudes », note Jean-Philippe Bonardi. Il cite le secteur automobile totalement bouleversé après avoir incarné dans le sillage de la révolution industrielle la prospérité du XXe siècle : « Même la voiture électrique ne sera peut-être pas si gagnante dans un futur où beaucoup moins de véhicules privés seront achetés, au profit de véhicules robotisés utilisés à la demande via une plateforme numérique », suggère le professeur. Un bouleversement qui entraînera une succession de changements vertigineux, si l’on songe à la taxe sur l’essence, par exemple. Comment remplacer ce revenu si précieux pour l’État ? Comment recycler certains travailleurs dans un nouveau monde qui semblera les exclure ? Comment créer la confiance dans un univers basé sur la récolte de données personnelles ?
Autant de questions et bien d’autres qui vont passionner les étudiantes et étudiants du Master E4S, au croisement des sciences humaines, économiques et technologiques.