« Il s’agissait de réfléchir aux pratiques en réunissant toutes les personnes concernées dans l’enseignement, la recherche, l’administration, sans oublier les étudiantes et les étudiants eux-mêmes, dont certains portent envers la langue une exigence de visibilité non seulement féminine, mais aussi non binaire »
Danielle van Mal Maeder rappelle que l’Université est un lieu de débats et que cette journée – précédée par un travail en amont – a porté ses fruits en permettant aux uns et aux autres de s’exprimer, ceci dans la perspective d’une prochaine information l’UNIL sur la communication inclusive. Cet événement a été l’un des premiers organisés sous le label institutionnel EDI (égalité, diversité, inclusion).
Respecter la langue et l’égalité
En Lettres, il s’agit selon la Vice-doyenne de « chercher un juste milieu » respectueux à la fois de la langue et de l’égalité. Elle mentionne le questionnement de certains collègues, désormais confrontés à la rédaction de travaux en langage inclusif comprenant des fautes d’accord, par exemple. Elle souligne également que l’inclusion de toutes les diversités ne doit pas faire passer en arrière-plan le combat des femmes pour l’égalité, encore loin d’être achevé.
Cette journée a livré notamment les résultats de deux sondages sur la question, l’un provenant du décanat et l’autre d’étudiantes et étudiants de la section des sciences du langage et de l’information. La Vice-doyenne note un décalage générationnel, surtout. Une table ronde a souligné un autre genre de fossé entre la langue littéraire (laissée à l’appréciation des auteurs et autrices) et celle de l’institution. Pour ne citer qu’un seul exemple, l’écrivaine Silvia Ricci Lempen, invitée à cette discussion, n’envisage pas d’employer le mode inclusif dans son activité littéraire.
Enfin la Vice-doyenne cite la brochure « claire et équilibrée » Inclure sans exclure, rédigée par deux chercheuses belges, Anne Dister (enseignante de linguistique française à l’Université Saint-Louis, présente le 30 septembre à l’UNIL) et Marie-Louise Moreau (professeure honoraire de l’Université de Mons, où elle a enseigné la linguistique). Un troisième invité externe, le Français Bernard Cerquiglini – l’un des pionniers de la (re)féminisation des noms de métiers – a souligné l’importance d’exprimer l’égalité des sexes dans son langage quand le contexte l’exige et que le masculin n’est ni clairement générique ni clairement spécifique mais, parfois, ambigu. Il a plaidé pour une « langue laïque » qui ne sacralise pas le mode inclusif et pour l’apprentissage scolaire précoce de « la dualité du masculin ».
Elle-même professeure en langue et littérature latines – elle donne notamment un atelier de rhétorique pratique « à l’école des Anciens » – Danielle van Mal Maeder se sent féministe et se veut soucieuse de la relève féminine et de l’égalité, sans pour autant « oublier les hommes ». – NR