De septembre 2016 à mai 2017, Francis Mobio, chargé de cours en Faculté de théologie et de sciences des religions, a arpenté les couloirs de l’Anthropole pour capturer le mouvement perpétuel des affiches recouvrant les murs du bâtiment.
« Une succession d’instantanés, un fragment chronographique de la vie universitaire :
Les peuples de l’Anthropole s’affairent, certains sont en groupes parfois bruyants, d’autres sont solitaires et laborieux. Les flux et les reflux, automnaux et printaniers, pulsent au cœur du bâtiment, au rythme des rencontres, des allers et des retours, autour d’une table, d’un café, d’un repas, entre deux cours, à la pause de midi.
Sur quelques murs choisis de l’édifice, des espaces stratégiques réservés où s’accumulent toutes sortes d’informations sous forme d’affiches. Punaisées ou scotchées, elles dessinent, au fil du temps, des paysages colorés et se disputent notre attention : séductrices ou repoussantes, suscitant notre curiosité, agitant notre imagination…
Chaque jour de nouvelles images, de nouvelles formes. Le dispositif est bien vivant, des êtres invisibles ou furtifs cherchent à nous contacter en insufflant de la vie, ici, sur le béton brut, là, sur un panneau à bandes multicolores. Démonté et remonté inlassablement, le mur d’images bat, s’ouvrant sur le monde en reflétant la vie du dehors et du dedans.
J’ai documenté ce monde animé, à la volée, en urgence, comme on jette un dernier regard sur un lieu qu’on aime fréquenter et que d’autres veulent faire disparaitre. Le temps de l’affiche papier envolé, épuisé, comme si notre œil et notre esprit s’étaient lassés de cette esthétique chaotique, trop proche des lointaines agitations estudiantines, trop typique d’un monde analogique en passe d’être révolu. »
Francis Mobio