Trois millions d’euros sur trois ans et demi pour étudier les relations complexes, voire antagonistes, entre différents acteurs et l’Union européenne : Suisse et UE, pays membres de l’UE et institutions communautaires, UE et d’autres pays, notamment le Royaume-Uni post-Brexit, niveau national et régions, instances publiques de régulation et grandes entreprises privées régulées, politiques, tribunaux, médias, consommateurs, citoyens…
Cette recherche d’envergure en sciences sociales est portée par les professeurs de l’UNIL Martino Maggetti et Ioannis Papadopoulos, sous le nom de TiGRE (Trust in Governance and Regulation in Europe). Le projet monté à la Faculté des SSP avec huit partenaires académiques est arrivé premier parmi 33 propositions évaluées dans le cadre du programme européen pour la recherche et le développement Horizon 2020 (domaine de la gouvernance, qui va en soutenir trois).
Diversité et interdisciplinarité
« Nous avons réuni les meilleurs spécialistes des questions de régulation en Europe », précise Ioannis Papadopoulos. Des scientifiques belges, espagnols, hollandais, allemands, polonais, norvégiens et danois, ainsi qu’un partenaire israélien. Outre la coordination du réseau et l’intégration des résultats récoltés et analysés par ces différentes équipes, les professeurs de l’UNIL mèneront leurs propres recherches en Suisse. Martino Maggetti souligne la diversité et l’interdisciplinarité de cette recherche qui mettra en relation de nombreux pays, des disciplines comme la science politique, le droit, l’administration publique, l’économie, la psychologie sociale ou encore les sciences de la communication ainsi que diverses méthodes (enquêtes par questionnaires, entretiens qualitatifs, expériences, focus groupes, études de documents législatifs et de rapports officiels ou non, analyse de discours médiatiques notamment).
Améliorer les systèmes de régulation de l’UE
À l’heure où la confiance envers les acteurs politiques établis paraît décliner, cette étude est chargée de documenter les phénomènes de confiance-défiance et d’amener des pistes pour améliorer le fonctionnement des systèmes de régulation de l’UE dans les domaines de la finance, de la sécurité alimentaire et de la protection des données.
Il s’agira de « développer des indicateurs ainsi que des scénarios, d’élaborer des recommandations pour les instances publiques qui nous financent, dans un contexte de perte de confiance liée aux crises et aux risques, en particulier dans les secteurs financier et alimentaire, celui de l’intelligence artificielle et du big data, sans oublier les conflits qui peuvent surgir ces prochaines années », résume Ioannis Papadopoulos.
Le projet TiGRE témoigne de l’ancrage scientifique européen très fort de la Suisse et de l’UNIL en particulier.