Un jeune scientifique invente un outil express pour analyser les drogues

Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique

Dans le cadre de son doctorat, Florentin Coppey a mis au point une technologie portable d’analyse de stupéfiants. Son dispositif nommé «NIRLab» est déjà utilisé dans plus de vingt cantons.

En Suisse, les brigades des stupéfiants disposent aujourd’hui d’une nouvelle arme : un dispositif capable de reconnaître en cinq secondes tout type de drogue. Mis au point en 2021, cet outil est le fruit de la recherche doctorale de Florentin Coppey, désormais cofondateur de la start-up NIRLab Forensics Sàrl avec le professeur Pierre Esseiva et chargé de recherche à l’École de sciences criminelles (ESC).

«Alors qu’une analyse en laboratoire prend environ deux semaines, la solution NIRLab offre un résultat en un clic, avec un très bon niveau de confiance. Un vrai gain de temps pour les agents», relève le scientifique.

Félix Imhof © UNIL

Alors qu’une analyse en laboratoire prend environ deux semaines, la solution NIRLab offre un résultat en un clic.

Florentin Coppey
Chargé de recherche, Ecole des sciences criminelles

L’appareil ressemble à une petite lampe de poche, qu’on pose sur la substance illicite avant d’appuyer sur un bouton. Via la spectroscopie proche infrarouge, la composition chimique et la pureté de la drogue sont mesurées. Le résultat est indiqué via une application mobile, dont la première version a été développée par l’agence Apptitude de l’EPFL grâce à un soutien InnoTREK attribué par l’Office de transfert de technologies UNIL-CHUV (PACTT) et la Fondation pour l’innovation technologique (FIT).

Des algorithmes «maison»

Conçue aux États-Unis, cette «lampe de poche» est employée habituellement par les industries pharmaceutiques et chimiques. Sous la direction du professeur Pierre Esseiva, le doctorant est parvenu à l’adapter à un usage policier en programmant des algorithmes capables de traduire les données spectrales abstraites en textes compréhensibles pour des non-initiés.

Le dispositif est déjà commercialisé dans plus de vingt cantons. Quelque 1200 échantillons issus de saisies sont scannés chaque mois et centralisés sur un cloud. Un suivi en temps réel des données récoltées au niveau suisse devrait être bientôt disponible, via une plateforme de visualisation. Un accord de licence avec l’UNIL, négocié par le PACTT, vient d’être finalisé le 21 février 2022, pour permettre à l’entreprise de développer et vendre son appareil.

En 2022, NIRLab Forensics Sàrl et l’ESC lancent un projet pilote de santé publique en collaboration avec le Canton de Vaud, Addiction Suisse et la Fondation vaudoise contre l’alcoolisme. L’idée : permettre aux consommateurs de s’informer sur la composition de leur produit pour un usage plus safe, via un outil de drug checking axé sur la prévention. «Nous enrichirons ainsi notre base de données avec les nouvelles substances typiques des milieux festifs», conclut l’entrepreneur. Les premiers essais sont prévus en juin. – LC