La chercheuse en géochronologie (datation des événements géologiques) dirige en ce moment une équipe qui applique aux Alpes une méthode de datation jusqu’ici peu employée ; il s’agit d’utiliser cette méthode d’une manière particulière, afin d’évaluer le rôle des glaciers dans les processus d’érosion (qui changent la roche en sable) et, dès lors, dans le modelage du paysage durant le quaternaire, par exemple la création des vallées…
Une grande partie du travail se déroule en laboratoire, précise-t-elle, avec des échantillons de sable qui ont circulé entre leur enfouissement et leur émergence au soleil, et dont on peut mesurer l’âge depuis le dernier enfouissement. Georgina King affirme que dans sa spécialisation en géochronologie « il y a toujours eu des femmes, sans doute plus – pour le moment – qu’en géomorphologie »…
Diversité des profils
Dans un groupe de travail au sein de la commission égalité de la faculté, elle réfléchit à la manière de mieux ouvrir les terrains à une diversité des profils, sans réduire la qualité, l’ambition et la diversité des lieux explorés par la faculté. « Lors d’un atelier avec toutes les personnes intéressées, chercheur·euse·s et étudiant·e·s, j’ai réalisé que le terrain pouvait être un frein dans la représentation de nos professions, or c’est tout à fait possible d’aménager par exemple des marches moins longues ou de prendre un peu plus de temps. » Elle ajoute un élément crucial à ses yeux : l’information donnée en amont à l’équipe pour permettre aux différentes personnes de mieux se préparer. Ces idées pourraient compléter l’actuelle directive de la faculté sur la sécurité, c’est en tout cas le but visé par ce groupe de travail, qui veut déjà ouvrir la réflexion et la discussion.
« On trouve une solution ! »
Explorer les domaines couverts par la faculté, c’est faire de la science, « pas une compétition sportive », précise Georgina King. Elle-même engage « la meilleure personne pour chaque poste » et il se trouve que son équipe actuelle est très majoritairement féminine, avec trois géographes et deux géologues femmes, une technicienne et un physicien. « J’attire peut-être aussi davantage de candidatures féminines que mes collègues hommes », esquisse-t-elle. En tout cas, elle réfléchit depuis plusieurs années à la question de la féminisation d’une profession qui ne permet pas – par exemple – de travailler avec certaines machines durant une grossesse, à cause des radiations et/ou des champs magnétiques. Il s’agira alors pour la femme enceinte d’arrêter le labo durant cette période et, même si ce n’est pas toujours facile et si on avance un peu moins vite sur la recherche, « on trouve une solution » !
Communiquer et préciser
Elle estime son équipe excellente et ne craint pas la concurrence. Le télétravail est au nombre des solutions dans certains cas. « Pour moi, il est essentiel que les membres de mon équipe puissent trouver un bon équilibre entre le travail et leur vie privée, notamment avec des petits enfants », conclut cette scientifique qui a connu elle-même la nécessité de s’adapter à la naissance d’un enfant.
Elle se souvient, par exemple, d’un membre de son équipe qui a eu beaucoup de peine lors d’une marche, sur un terrain qu’on n’envisage pas à première vue comme particulièrement ardu. « Aujourd’hui, je communique davantage pour mieux identifier les problèmes éventuels avant le départ et les besoins essentiels de chacun·e », estime-t-elle. Les précisions qui sont données (par exemple sur le fait d’avoir une chambre à soi durant le terrain) permettront, selon elle, de lever des appréhensions qui freinent peut-être certaines vocations. Reste que tout n’est pas possible et qu’il faut donc être réaliste : certains terrains ne seront pas accessibles à toutes les personnes, hommes ou femmes d’ailleurs. Mais il faut préciser que ces occurrences sont très rares et pas représentatives de toutes les possibilités de recherche offertes par les géosciences. – NR