Dans cette classe n’apparaît qu’une seule lettre ne faisant pas partie de la correspondance entre Schuman et Monnet, celle d’Acheson à Schuman du 30 octobre 1949 qui touche à la création des deux Allemagnes et à l’arrimage de la République fédérale d’Allemagne à l’Europe de l’Ouest.
La première chose que l’on peut constater est que la majorité des dates se situe entre le printemps et l’été de 1950. La guerre de Corée, premier conflit armé de la guerre froide, éclatant en juin 1950, ce n’est donc pas une coïncidence si la classe associée au relèvement allemand est plus présente à cette époque. En effet, la question du réarmement allemand devient tout de suite cruciale vu la menace potentielle que représente le bloc de l’Est. L’Europe ne saura se défendre sans la participation de l’Allemagne de l’Ouest. L’enjeu pour Monnet est alors d’éviter que la remilitarisation allemande réanime son esprit belliqueux d’antan.
Si l’on se penche sur les acteurs principaux de cette classe, on observe en première position René Pleven qui, de juillet 1950 à février 1951, occupe le poste de Président du Conseil des ministres. On sait qu’il propose le Plan Pleven en août 1950, plan qui vise la création d’une armée supranationale européenne. Ce plan est rejeté, mais vu son objectif, on peut en conclure que Pleven cherche un moyen d’intégrer l’Allemagne de l’Ouest de manière durable à l’Europe.
Nous constatons également que plusieurs personnes ont des postes associés aux ministères des Affaires étrangères. Ainsi Couve de Murville et Parodi travaillent tous deux pour le ministère des Affaires étrangères français. Bevin, quant à lui, est ministre des Affaires étrangères au sein du gouvernement britannique. Il est cohérent que des hommes politiques évoluant dans la sphère diplomatique soient concernés par la question allemande.
Un acteur intéressant, qui apparaît dans cette classe, est Pierre Schneiter qui occupe le poste de secrétaire d’État pour les questions allemandes entre 1947 et 1951. On peut supposer que son expertise en la matière a été nécessaire pour gérer au mieux les relations avec l’Allemagne.
On note également la présence d’Acheson, secrétaire d’État américain, de De Gasperi, président du conseil italien, de Churchill, premier ministre britannique, et d’Adenauer, chancelier fédéral allemand. Ceci montre bien que la question du relèvement allemand ne concerne pas seulement la France, mais constitue un enjeu mondial dont le dénouement est observé de près par les grandes puissances du bloc de l’Ouest.
Cependant, nous constatons que les acteurs allemands, au premier chef Walter Hallstein et Konrad Adenauer, sont peu représentés, ce qui nous rappelle que la discussion autour du « problème allemand » a d’abord été une discussion tripartite entre le Royaume-Uni, les États-Unis et la France.
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