Pendant les années qui nous intéressent, l’Europe se trouve dans un contexte de reconstruction: la Seconde Guerre mondiale a ravagé les grandes puissances européennes et de nombreuses mesures sont mises en place pour relancer l’économie des pays touchés.
La politique étrangère française reste très conservatrice vis-à-vis de l’Allemagne, la France voulant éviter à tout prix une montée en puissance de son voisin germanique. En maintenant un contrôle sur deux sites sidérurgiques importants – la Sarre et la Ruhr -, la France prive les Allemands des ressources nécessaires pour reconstituer une puissance militaire et écarte ainsi le danger d’un nouveau conflit.
Les Etats-Unis, de leur côté, ont tout intérêt à ce que les puissances européennes restent soudées face à la menace communiste; en particulier, une défense de l’Europe n’est pas possible sans la participation de l’Allemagne de l’Ouest. Ils exercent donc une grande pression sur la France pour que celle-ci abolisse ses entraves au développement allemand.
Selon Jean Monnet, le seul moyen d’éviter une nouvelle guerre est de créer une fédération européenne à laquelle les pays membres céderont des parts de leur souveraineté. Néanmoins, Monnet est bien conscient que, dans la situation actuelle, ce projet n’est pas réalisable. Il propose donc de procéder par étapes en utilisant une approche progressive: les pays accepteront de limiter graduellement leur souveraineté dans des domaines d’activités bien délimités.
C’est dans cet esprit que Monnet élabore le plan suivant: créer une union qui mettrait en commun les productions de charbon et d’acier des pays membres. Monnet choisit le domaine de la sidérurgie pour plusieurs raisons. D’une part, étant donné que le charbon et l’acier sont les matières premières de choix de l’industrie militaire, les mettre en commun représente un geste symbolique. D’autre part, se focaliser uniquement sur l’objectif de paix, comme l’a fait la Société des Nations pendant l’entre-deux-guerres, est une approche qui n’a pas porté ses fruits; motiver la paix à travers des gains économiques est une approche bien plus judicieuse selon Monnet.
Ce plan est connu en tant que plan Schuman; bien que Monnet soit la principale influence derrière ce plan, Schuman est l’instigateur politique de sa mise en application. Le plan Schuman aboutit à la création de la CECA, première étape vers l’Union européenne d’aujourd’hui.
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